Tourné quasiment dans la foulée du Petit monde de don Camillo, cette suite en retrouve l'esprit et la verve. Nos bons vieux Camillo et Peppone s'y écharpent verbalement avec un sens toujours aussi aiguisé de la punchline acide mais bon enfant. La rivalité platonique entre les deux personnages continue à réjouir, d'autant plus que Fernandel et Gino Cervi se montrent encore une fois impeccables dans ce duel sans les mains. A peine regrettera-t-on de voir la poigne de Camillo si peu exploitée dans cet épisode.
On ne le souligne quasiment jamais quand on parle des don Camillo, mais Duvivier a pourtant su ici affiner l'élégance visuelle (à défaut de virtuosité) entrevue dans le premier film. Paré d'une photo très soignée, Le retour de don Camillo se paie quelques plans de toute beauté sous la neige ou la pluie, et la désolation du village noyé sous les eaux apporte une belle touche d'émotion sur la fin.
Evidemment tout n'est pas parfait et on retrouve l'un des défauts du premier opus, à savoir cette tendance à s'étirer un peu inutilement, à l'image de la scène avec Marchetti ou celle avec le gamin (insupportable) des Bottazzi, qui donnent un gros coup de mou au film. D'autant que cette dernière aurait pu être exploitée plus habilement, par exemple pour parler du rapport du prêtre à la paternité, et donner ainsi plus de profondeur au personnage de Camillo. On peut également regretter cette voix off qui vient régulièrement nous rappeler l'avis des producteurs sur l'intelligence des spectateurs.
Mais ces menus pépins ne pèsent pas grand chose face au panard renouvelé que l'on prend à déguster la crème de ces dialogues méditerranéens quatre étoiles n'ayant pas pris la moindre ridule.