Ah la la, je suis au numéro 2 et ça commence à faiblir ! Espérons que le changement de réalisateur pour les suivants sera salutaire …
Donc "Le petit monde de Don Camillo" s'était achevé par l'exil ordonné par l'évêque de Don Camillo vers un village de montagne habité par des vieux et des veuves (vieilles et méchantes, les veuves), où il faut avoir tué père et mère pour y vivre. Et sa sulfureuse réputation (de lanceur de tables) l'a en plus précédé, ce qui augure mal de son séjour.
Mais son départ ne fait pas que des heureux à Brescello. Le successeur de Don Camillo fait pâle figure et ne comprend pas les paroissiens et un projet de digue pour protéger le village fait flamber de colère le riche propriétaire chez qui elle doit être implantée.
Le maire va donc solliciter l'évêque pour qu'il abrège la pénitence de Don Camillo.
Dans le premier opus, il y avait un second rôle qui était tout-à-fait excellent, c'était l'inénarrable Sylvie qui jouait le rôle de la vieille institutrice. Malheureusement, elle décède à la fin de l'épisode (avec tous les honneurs rendus par le maire et le curé)
Et dans cet épisode Duvivier nous concocte un autre second rôle, le docteur Spiletti, très bien joué par le non moins inénarrable Edouard Delmont bien connu des films de Pagnol ou de Giono (c'est le toubib dans "César" et le père Gaubert dans "Regain") mais aussi dans de nombreux films de la période 1930 à 1950. C'est un personnage truculent avec un physique de petit homme souffreteux et une voix aigrelette. Sa présence dans un film n'est jamais anodine.
Pour résumer le personnage, c'est un vieux toubib qui meurt et ressuscite plusieurs fois "pour emmerder le monde"
Par contre, coté Don Camillo et Peppone, c'est toujours les escarmouches avec en particulier la lutte (pas finale) entre les horloges de la maison du peuple (Peppone) et du clocher pour qu'elles sonnent en avance. Ils font tant et si bien que bientôt on observe un décalage d'une heure par rapport à l'heure officielle. C'est bien mais un peu faiblard.
A la fin, le village est évacué à cause de la montée des eaux et Duvivier nous sert des images des gens qui partent qui font étrangement penser aux scènes d'exode pendant la guerre.
Il y a un truc qui m'a perturbé : pendant sa pénitence dans le village de montagne, Don Camillo s'emmerdait tellement que même sa relation privilégiée avec Jésus n'était plus possible. Donc il est allé piquer la croix (avec la statue de Jésus) dans l'église de Brescello sans que personne n'y trouve à redire. Je passe sur les faits à mon avis mal exploités du transport dans le camion de Peppone (??) puis l'allusion spirituelle au "chemin de croix" dans son ascension vers le village de montagne.
Non, ce qui m'a perturbé, c'est que quand il retourne à Brescello, il n'y ramène pas la croix qu'on retrouve dans l'église comme si elle n'en n'était jamais partie. Je n'aime pas les faiblesses de scénario aussi évidentes alors qu'il y avait un petit coup à jouer pour Duvivier. Pour moi, ça fera un point de moins.
Au final, la première suite au "Petit monde de Don Camillo" est nettement moins réussie en grande partie du fait que l'effet de surprise n'est plus et que le scénario n'a pas suffisamment rebondi. Le duo Gino Cervi / Fernandel est toujours bon mais un peu affadi. Reste le plaisir de revoir Edouard Delmont.