Il est parfois bon de se retrouver à trois potes autour d'un cubi de rosé et de trois bouteilles de jaune et de regarder élégamment ensemble un film qui se passe au "pays". Tranquilles et zen...
Car le Retour de Martin Guerre est l'un des rares films se déroulant au « pays », à Artigat dans le comté de Foix dont on peut admirer au passage les paysages magnifiques. Martin Guerre, selon le récit de Jean de Coras, fut marié à 14 ans à Bertrande, et se vit obligé de partir comme soldat pour servir dans l'armée d'Espagne à la suite d'un différend avec son père. L'Espagne était en effet nettement plus proche du pays que Paris, et ce pendant des siècles. Et à cette époque le choix se limitait entre les métiers de la terre et ceux de la guerre. De nos jours le choix n'est guère plus important pour les jeunes du pays...Heureusement il y a(vait) la fonction publique...
Huit ans après donc, Martin Guerre réapparaît sous les traits de Depardieu et retrouve les siens. En huit ans on ne change pas beaucoup et Bertrande (sous les traits de Nathalie Baye, digne ici d'un portrait de Vermeer de dame avec une coiffe) reconnaît sans hésiter son mari.
Martin Guerre,si sympathique au demeurant, serait-il en fait un imposteur qui commet le grave délit d'usurpation d'identité et sa défense ne serait-elle que duplicité? Le procureur Jean de Coras (Roger Planchon) se fait son avocat à la fois ferme et compréhensif. En 1572 et en réalité le sage Jean de Coras sera d'ailleurs pendu par les catholiques en tant que calviniste à Toulouse, la capitale. Le Mal prenait déjà des racines profondes...
L'épouse de Martin Guerre soutiendra son mari jusqu'au bout. Et le philosophe local Pierre Bayle épris de tolérance et féministe avant l'heure défend l'épouse d'une manière convaincante :
Cette femme serait non seulement excusable d’en user
de cette façon, mais aussi tout à fait inexcusable si elle en usait
autrement. Car, si elle refusait ses caresses à un tel homme, elle ne
pourrait s’en justifier que par la raison qu’elle douterait si ce
serait son véritable mari : mais nous supposons qu’elle n’aurait pas
le moindre doute sur ce point-là ; donc le refus de ses caresses
serait entièrement blâmable, et le véritable mari aurait très grande
raison de s’en plaindre.
Il reste cependant plus qu'un doute sur la culpabilité de Martin Guerre. Comment aurait-il pu tromper aussi facilement tous ses proches ? N'a-t-il pas été victime d'une machination infernale de son oncle visant à le spolier ? Cette option apparaît en filigrane dans le film.
Montaigne était présent au procès. Son évocation de cet épisode dans les Essais est un bel exemple de langue de bois : impossible de savoir pour qui il tranche, (comme parfois dans les Essais)
Je vy en mon enfance, un procez que Corras Conseiller de Thoulouse fit
imprimer, d'un accident estrange ; de deux hommes, qui se presentoient
l'un pour l'autre : il me souvient (et ne me souvient aussi d'autre
chose) qu'il me sembla avoir rendu l'imposture de celuy qu'il jugea
coulpable, si merveilleuse et excedant de si loing nostre
cognoissance, et la sienne, qui estoit juge, que je trouvay beaucoup
de hardiesse en l'arrest qui l'avoit condamné à estre pendu. Recevons
quelque forme d'arrest qui die : La Cour n'y entend rien ; Plus
librement et ingenuëment, que ne firent les Areopagites : lesquels se
trouvans pressez d'une cause, qu'ils ne pouvoient desvelopper,
ordonnerent que les parties en viendroient à cent ans. »
Montaigne, Essais, livre III, chap. XI : « Des boiteux » .
Pour les membres de SC avides de culture les Aéropagites étaient une bande d'amis grecs qui se réunissaient pour faire des concours de pets et juger en même temps des affaires de la Cité. Cette coutume est toujours en cours dans certains endroits de France...
Près de 500 ans après on ne sait toujours pas qui était le vrai Martin Guerre . Quelle est la vérité ? Quel est le mensonge ? Quel est le Bien? Quel est le Mal ? Pour mes potes il n'y a aucun doute : Martin Guerre et son sosie étaient une seule et même personne, le vrai Martin et son double maléfique Pansette qui se matérialise à la fin du film...
Si je fais cette critique c'est pour essayer d'apporter ma part de vérité au film de l'excellent Daniel Vigne mais les anecdotes de tournage et les verres de jaune apporteront plus d'éléments de réponse que la lecture de Montaigne qui était, ne l'oublions pas, avant tout un politique, Bordelais de surcroît.
Les gens du coin qui pour la plupart ont participé à Martin Guerre comme figurants se rappellent du tournage (ayant lieu dans deux villages voisins d'Artigat) parfois avec la nostalgie émue de leur enfance. Dominique Besnehard a évoqué dans les souvenirs de ses jeunes printemps intitulés Casino d'Hiver d'autres conséquences du tournage. Les actes de malveillance décrits ci-dessous (et provenant de source sûre) pourraient expliquer que les habitants de notre région dont l'hospitalité est proverbiale soient parfois légèrement hostiles à l'égard du monde du cinéma. Lisez donc ceci :
Des aiguilles et épingles laissées après le tournage ont tué des vaches...
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SALAUDS DE PARIGOTS !!! Vous vous en prenez à nos vaches, vous voulez faire les barbeaux, vous et vos têtes de veaux ! ...On va affûter les poinçons pour les pneus de vos 4x4 quand vous viendrez chez nous en vacances, et vous ferez moins les malins, tiens !
Mais ce n'est pas tout. Autre anecdote : Dominique Besnehard qui par ailleurs a beaucoup fait pour le cinéma français, (en tout cas c'est lui qui le dit) a un jour une aventure avec un figurant local, un jeune SDF qui a manifesté de l'intérêt pour le tournage. Ils vont partager la même chambre...
Un jour, ce SDF agresse un enfant dans une chambre voisine. Personne n’en parle à la police…
Dominique Besnehard (dont le nom se prononce dans le sud-ouest Dominique Baise nœud hard) aura des remords de n’être pas allé à la police car l’homme se révèle être un vrai serial killer sous son pseudo inoffensif de Didier Gentil. Il tuera encore pendant des années... Dans une autre longue et sombre affaire de double maléfique, Gentil, soutenu par tout un village et par les gendarmes, fera accuser de meurtre son « ami » Richard Roman, homosexuel et toxicomane comme lui, qui avait eu pour seul tort d'héberger Gentil gratuitement. Ainsi donc on savait déjà que le milieu du cinéma parisien était une bande de cocaïnomanes. On se doutait aussi qu'ils faisaient partie de réseaux pédophiles comme à Outreau. Mais on était en-dessous de la vérité : les directeurs de castings et les acteurs assassinaient nos enfants ! Les Parisiens ! Meute hurlante aux ignobles têtes de chiens...
Revenons à notre beau village si paisible pour évoquer un fait divers longuement évoqué par la presse locale.
Comment ne pas évoquer la dualité entre le Bien et le Mal dans le village d'Artigat sans évoquer la personnalité très ambigüe de celui que l'on surnomme l'émir blanc d'Artigat (ou le cheik en blanc), aimable vendeur de poteries sur le marché local pour les bonnes âmes de gauche, éminence grise de la cellule de terroristes islamistes dont faisait partie Mohammed Merah pour les partisans du tout-sécuritaire de droite. Rien n'a jamais pu être retenu contre lui...les Aéropagites modernes ont repoussé la réponse aux cent prochaines années...
Dernier avertissement aux Parisiens pour terminer ! Pour trancher entre Mensonge et Vérité, pour dissocier le Bien et le Mal, le chevalier Martin Guerre reviendra un jour et surgira au milieu des flammes tel le dernier Jedi, et (c'est là une certitude), vous aurez alors TOUT A CRAINDRE de sa Colère infernale !!!