Je ne suis pas forcément fascinée par les Disney live. Je m'y intéresse parce que c'est Disney, mais pour moi le coeur de cette grande boîte reste dans ses oeuvres animées. Pourtant, comme beaucoup d'autres enfants, j'éprouve une affection très particulière pour l'histoire de Mary Poppins. J'ai beaucoup de tendresse et de respect pour cette oeuvre. Et je suis une grande fan du film qui lui rend hommage, Dans l'Ombre de Mary, mon Disney live favori. Comme toute puriste de Disney, l'idée de donner une suite à ce film unique me paraissait insultante (surtout quand on voit la qualité des remakes live, qui jouent sur la corde nostalgique de la même manière que cette suite). Mais assez rapidement, je me suis surprise à me sentir hypée par le projet. J'avais le pressentiment qu'une vraie idée s'y cachait, finalement. Après trois ans d'attente, le film est enfin sorti, Mary Poppins est enfin revenue. Et qu'ai-je bien pu penser de son retour? Ca tombe bien que vous posiez la question, ma critique sert justement à y répondre!


L'histoire se passe une vingtaine d'après après le premier film, durant la Grande Dépression. Michaël Banks, à présent père de trois enfants, a perdu sa joie innocente. Il ne se remet pas du décès de son épouse et est menacé de perdre la maison dans laquelle il a grandi avec sa soeur. Heureusement, une vieille connaissance va revenir dans la vie de sa famille, et le sauver du chagrin.


Si vraiment l'histoire de Mary Poppins devait se continuer, je pense que c'était la meilleure intrigue à proposer. J'adore les suites qui nous font retrouver des personnages que l'on a connus, vieillis de plusieurs années. Cela nous met en terrain connu, mais en terrain que nous devons réapprendre à connaître, malgré tout. Voir Jeanne et Michaël devenus adultes, devenus tante et père, cela propose des retrouvailles très intéressantes.
Le concept de base est exactement le même que pour le premier opus, mais je n'ai aucun problème avec ça. Mary Poppins n'a pour dessein que de redonner la joie aux parents. Et en tant que nurse, sa technique est d'émerveiller leurs rejetons pour que cette magie se transmette à sa vraie cible. Si on change quoi que ce soit dans cette idée, alors ce n'est plus Mary Poppins. De plus, ce second film propose un drame plus prenant que son aîné, selon moi. Dans le Classique de 1964, George Banks se croyait satisfait de sa vie, il ne voulait pas réaliser le malheur dans lequel il se plongeait. Et cela faisait effectivement partie de ce qui rendait sa situation si dramatique. Mais cette fois-ci, la famille Banks se sent véritablement en détresse. Michaël ne souhaite pas créer de distance entre lui et ses enfants, mais il se sent profondément triste et perdu. Il ne fait pas le deuil de sa femme et est effrayé à l'idée de perdre sa maison. Ces peines et inquiétudes sont partagées par sa famille, mais Mickaël est celui qui encaisse le plus. On découvre donc une famille en plein deuil. Et on nous fait vivre le visionnage avec la crainte de perdre la demeure N°17 de l'Allée des Cerisiers, pour laquelle les fans éprouvent un grand attachement. Et comme si ça ne suffisait pas, l'adulte dépressif à sauver ne fait qu'un avec un garçon que l'on a connu si joyeux et naïf autrefois. Pour toutes ces raisons, cette nouvelle intrigue est parfaitement choisie et très forte émotionnellement.
Là où il y aurait davantage à redire, c'est dans la structure du récit. Cette dernière recopie énormément le schéma narratif du premier opus, et ça n'est pas forcément aussi justifiable. Absolument chaque segment est pensé pour faire écho à un segment du volet original, même l'ordre des scènes est identique. La séquence du bain rappelle celle du rangement, le balade dans la porcelaine rappelle la balade dans le dessin, la danse des falotiers rappelle la danse des ramoneurs... et ce ne sont que des exemples. Cette séquelle n'était pas obligée de copier son aîné de cette manière, c'est certain. Mais il n'empêche que même en reprenant une formule qui marche, cette seconde histoire parvient à trouver sa patte et à faire preuve d'une grande créativité.


Lorsque l'héroïne-titre emmène les enfants Banks dans un monde sous-marin, en passant par leur baignoire, l'idée est excellente et nous fait vivre une expérience unique. J'adore également quand nos protagonistes se rendant dans la porcelaine. Le concept est parfaitement exploité. Tout dans ce monde est en porcelaine, cela se ressent dans les bruitages. Les jeunes Banks doivent constamment faire attention pour ne rien casser, aucun aspect de cette idée n'est oublié.
On vit tout très différemment, tout en reconnaissant la formule Mary Poppins. Cette dernière ne quittait pas les Banks avant que le vent tourne vers l'ouest. Cette fois-ci, elle ne s'en va tant que la porte n'est pas ouverte.


Pour aborder le film plus en profondeur, autant parler de suite des personnages!


Voir quelqu'un d'autre que Julie Andrews interpréter Mary Poppins paraissait impensable. Mais comme quoi, rien n'est impossible, pas même l'impossible. Emily Blunt est absolument parfaite dans le rôle de la nounou éponyme. On retrouve notre héroïne exactement comme elle doit être. Elle est toujours gentille et fantaisiste. Son esprit demeure malin et malicieux, Mary Poppins sait toujours manipuler les personnages pour parvenir à ses fins. Ses défauts humains, tel que son ego surdimensionné, sont intacts. Et le plus important: malgré tous les amusements qu'elle fait vivre aux enfants Banks, la jeune nurse reste stricte et distinguée. Cette nouvelle Mary Poppins peut sembler plus froide et sèche, mais je ne pense pas que ce soit forcément dû à l'écriture. Je pense que cela vient de la bouille moins enfantine de Blunt, ainsi que de sa voix plus grave (en VO... et encore plus en VF). Et sincèrement, je préfère que l'on insiste plus sur son côté froid, que sur son côté joyeux. C'est principalement sa sériosité face à l'amusement qui rend ce personnage si unique et fascinant.
Mary Poppins m'a paru plus active que dans le premier film, où elle agissait beaucoup plus dans l'ombre. Dans le long-métrage de 64, plusieurs scènes se faisaient sans elle (la séquence où Jeanne et Michaël découvrent la banque, celle où ils rencontrent Bert après avoir fui leur père), même si on comprend que tout cela correspondait à son plan. Pour cette nouvelle aventure, la magicienne accompagne les enfants à la banque (on la voit donc discuter avec des personnes qui ne font pas partie de son univers) et apporte un soutien bénéfique lors du climax. Et là où dans le premier opus, elle attendait que M. Banks demande une nouvelle nurse pour faire son apparition, ici elle s'auto-proclame baby-sitter des nouveaux enfants Banks, sans qu'on ne lui ai rien demandé. Son rôle en paraît donc peut-être moins mystérieux. Mais les Banks la connaissent bien, leur gouvernante n'a plus autant besoin de cacher ses intentions. Le film ne fait également pas grand-chose pour cacher la vraie cible de la magicienne. Maintenant, le public sait parfaitement que la nurse est venue sauver le père. Et cette suite a l'intelligence de ne pas créer de faux suspens, par rapport à la mission de la gouvernante. Les remakes live Disney devraient en prendre de la graine.
Aussi, peut-être que je surinterprète, mais une scène sembler donner une vraie dimension dramatique à l'héroïne.


A la fin du film, les personnages prennent les ballons qui leur conviennent. Lorsqu'ils choisissent bien, ils s'envolent et retrouvent leur insouciance. Mary Poppins en prend un, dont tout prête à penser qu'il s'agit bien du sien. Il est rouge comme son chapeau, elle voit son reflet à travers, la mise en scène fait clairement comprendre que c'est son ballon. Et pourtant, la nounou ne s'envole pas. Est-ce que cela signifierait qu'elle n'a pas d'âme d'enfant? Et si Mary Poppins était effectivement une femme au coeur sans enfance, ayant suffisamment conscience de ce qu'elle n'a pas, pour faire en sorte que tous les autres adultes aient cette chance? Je vais peut-être chercher loin, mais cette nourrice perçoit tout avec tant de sérieux, ce ne serait pas incohérent avec son écriture.


Quoi qu'il en soit, si on doit la mesurer, notre héroïne est franchement toujours aussi géniale. Un vrai plaisir de la retrouver.


Le deuxième personnage le plus important est Michaël Banks (Ben Wishaw), nouvelle cible de Mary Poppins. Si dans le premier film, il était un gamin on ne peut plus basique, il devient ici un adulte très touchant. Ce que j'aime beaucoup, c'est qu'il a beau tenir le même rôle que son père, il n'est pas son père. Michaël est beaucoup plus fragile. Il ne fourvoie pas ses proches avec un sourire de façade. On le sent perdu et chagriné. Contrairement à George, Michaël est davantage conscient de ce qu'il perd. Et même s'il peine à communiquer avec eux, le jeune père ne cherche pas à s'éloigner de ses enfants. Il n'ordonne jamais à ce qu'ils aient une nounou, c'est bien lui qui s'occupe de sa progéniture. Lorsqu'il était enfant, il se plaignait beaucoup du manque d'attention que George leur accordait, à lui et à sa soeur. Michaël serait donc paru bien ingrat s'il effectuait les mêmes erreurs. C'est donc une très bonne chose qu'il soit dans l'incapacité non volontaire d'être plus démonstratif avec ses enfants.


On a également la chance de retrouver sa soeur, Jeanne (Emily Mortimer). Bien qu'elle soit la tante des enfants, elle reprend la même fonction que Winifred Banks. Elle va jusqu'à être aussi engagée que sa mère. Winifred était une féministe, sa fille est une travailliste. Le parallèle est un peu trop forcé, mais voir Jeanne suivre l'exemple de sa mère a quelque chose de touchant. A l'instar de son frère, Jeanne devient attachante comme elle ne l'a jamais été. Cette tata possède un ton très aimable, et offre beaucoup de tendresse et de chaleur à son frère et ses neveux. J'aime beaucoup son positivisme, la détermination dont elle fait preuve pour ne pas perdre la maison.


Nous faisons également la connaissance des nouveaux enfants Banks: les jumeaux John et Annabel, ainsi que le petit Georgie (Oh non, est-ce que son prénom fait référence à...? Oh... Like si tu pleures.). Ils restent simples, mais ils m'ont plu. Je les trouve même plus intéressants que leur père et leur tante au même âge. Si Georgie (Joel Dawson) possède la même personnalité rebelle et insouciante, ses deux aînés sont plutôt différents. John et Annabel (Nathanel Saleh et Pixie Davis) sont bien murs, réfléchis et débrouillards. Ils ne cherchent pas forcément à faire parler leur imagination, et préfèrent écouter la voix de la logique. Le décès de leur mère les a fait grandir trop vite, leur âme d'enfant commence déjà à se perdre quelques peu. Ils ont beau ne pas être le principal patient de Mary Poppins, ils voient également leur esprit d'enfant être sauvé, grâce aux apprentissages de leur nurse.


Un nouveau protagoniste fait aussi son apparition: un allumeur de réverbères, prénommé Jack (Lin-Manuel Miranda!). Il est clairement pensé pour remplacer le rôle de Bert. Même si globalement j'apprécie ce sympathique falotier, sa ressemblance avec le personnage de Dick Van Dyke manque de finesse. Pour aider la famille Banks, il apporte à Mary Poppins exactement le même soutien que Bert. Et si jusque là, les différents parallèles de personnages (George/Michaël, Winifred/Jeanne) avaient leur sens, ici la ressemblance ne paraît pas si essentielle. Ce qui est surtout dommage, c'est que ce nouveau personnage n'atteint jamais ce qui faisait l'excellence de Bert. Déjà, ce dernier était un homme multi-fonctions, il changeait chaque jour de profession (c'est d'ailleurs assez curieux qu'il soit juste désigné dans cette suite comme un ramoneur). Jack, lui, n'est qu'un allumeur de réverbères, il en est donc beaucoup moins riche. Cela n'empêche pas que j'aime beaucoup son métier. Il allume la lumière dans Londres comme il allume une flamme d'espoir, cela va parfaitement avec le ton du film. Mais cette unique activité l'empêche d'être beaucoup plus qu'un sous-Bert. D'autant plus qu'il n'entretient pas de relation bien particulière avec Mary Poppins. Cette dernière ressentait beaucoup d'affection et de respect pour Bert, c'est pourquoi elle avait parfaitement foi en lui pour l'aider à sauver M. Banks. Elle apprécie beaucoup Jack également, mais il semble n'être qu'un de ses amis parmi tant d'autres. Il n'est clairement pas aussi spécial dans son coeur. Après, je chipote beaucoup, car certains aspects du personnage sont vraiment plaisants et changent de ce qu'on avait avec Bert.


Déjà, j'ai été très agréablement surprise par son amourette avec Jeanne. Ca ne prend pas beaucoup de place dans l'intrigue, mais le peu qu'on a est mignon et sincère.


J'y reviendrai plus tard, mais ce personnage apporte également une touche "mirandesque" au film, les talents de rap de l'acteur étant utilisés.


Cette suite fait également un choix assez curieux, en mettant en scène un méchant. Pas juste un antagoniste, mais bien un méchant, en la personne de William Weatherall Wilkins (Colin Firth!), neveu de M. Dawes Jr. L'idée est plutôt dommage, l'histoire de Mary Poppins n'a pas pour but d'être manichéenne. L'héroïne-titre se bat contre la morosité de l'âge adulte, elle ne lutte pas contre des personnes. Et aussi bon soit le jeu de Colin Firth, son personnage manque malheureusement de profondeur. Ce n'est rien d'autre qu'un vieil arriviste, ce qui est regrettable. A la limite, j'aime comment cet antagoniste est traité à certains moments de l'histoire.


Dans le monde de la porcelaine, il existe en tant que loup. Aussi bien en tant que loup animé qu'en tant que directeur de banque, Wilkins donne une image positive de sa personne. Mais les enfants Banks apprendront avec leur nurse à se méfier des apparences, et sauront faire face au neveu de Dawes.


Et puisqu'on parle de ce dernier...


Il nous revient à la fin, sous les traits de Dick Van Dyke, comme son père avant lui! Son apparition fait un peu deus ex machina, il est vrai. Mais quand on sait que c'est principalement de sa faute si George Banks était dépressif, il est touchant de le voir être le sauveur de sa descendance. Même après toutes ces années, il est toujours aussi amusé par la blague de la jambe de bois. Et l'interprète de Bert donne un regard si pétillant au vieillard, on ne peut qu'être touché par le personnage.


Plusieurs personnages nous font l'honneur de leur retour. Mais ils sont utilisés de manière à ce que leur sens dans l'histoire ne soit pas le même. Nous retrouvons la servante Ellen (sans la cuisinière, malheureusement). Cette femme fait complètement partie des meubles du 17, Allée des Cerisiers.


Lorsque les Banks sont sur le point de perdre leur maison, Ellen s'apprête à emménager ailleurs. Cette perspective rajoute une pointe de drame à la situation.


On retrouve également l'amiral Bloom, dont l'obsession pour l'heure prend une belle symbolique.


Dans se second film, l'amiral est agacé de voir que Big Ben n'est pas bien réglée. Bloom connaît mieux l'heure que la célèbre cloche. A la fin, après que Mary Poppins ait remonté le temps, l'amiral constate que Big Ben est enfin à l'heure. On peut comprendre alors que tout est enfin revenu dans l'ordre, chaque chose est comme elle se doit d'être.


On a également enfin l'occasion de voir l'amiral quitter le toit de sa demeure pour parler à ses voisins, prouvant l'attachement qu'il a pour eux.
Mais le film sait bien gérer la nostalgie, puisqu'il ne nous fait pas revoir tous les personnages du premier film. Et en revanche, il en invente de nouveaux. On découvre donc Topsy (Meryl Streep!), cousine éloignée de Mary Poppins. Elle est plutôt amusante, et est victime d'un problème original: sa maison se renverse régulièrement dans l'autre sens. Sa situation apporte un vrai message aux enfants Banks, on y reviendra. On a également les animaux en dessin animé, qui ont droit à des noms, tel que Hamilton Gooding, ce qui n'était pas le cas avec les habitants du dessin de Bert. Enfin, nous rencontrons à la fin, la dame aux ballons (Angela Lansbury!).


Elle contribue à apporter une très jolie conclusion à l'histoire, en poussant les Londoniens à s'envoler dans les airs avec ses ballons. Grâce à elle, tous les personnages sont pleinement heureux et libérés, ce qui permet à Mary Poppins de s'en aller.


Maintenant, parlons chansons! Marc Shaiman et Scott Whitman succèdent aux frères Sherman pour la bande-originale. Et ils sont parvenus à créer d'excellentes compositions!
Pour commencer, nous avons Votre Jour de Chance, chantée par Jack. Cette mélodie a clairement la même fonction que Chem Cheminée. Notre Bert de service ouvre le film, pour nous annoncer que quelque chose se prépare. Tout comme Chem Cheminée revient plusieurs fois dans Mary Poppins, Jack rechante Votre Jour de Chance à la fin de Le Retour de Mary Poppins. Quand l'histoire se conclue, nous avons enfin connu ce fameux "jour de chance", la boucle est bouclée. Et bien entendu, cette chanson sert à présenter le personnage de Jack. J'aime beaucoup ce morceau, particulièrement son instrumental. La musique dégage une jolie poésie et un optimisme appropriés au ton du film.
Ensuite, nous avons Une Conversation. Michaël discute avec sa défunte épouse et exprime sa tristesse. L'air est plutôt simple. Mais j'aime l'idée que ce soit la boîte à musique de Kate Banks, qui permette au mari éploré de parler avec la propriétaire de l'objet. J'ajouterai que l'interprétation est de qualité. Michaël est brisé, cela s'entend dans le ton de sa voix. Il interroge Kate, lui demande où elle est, mais reste sans réponse. Cette chanson n'a rien à voir avec Je Vis et Mène une Vie Aisée. Ici, le père se sent pleinement malheureux et extériorise sa peine. On pourrait peut-être faire le rapprochement avec L'Homme Rêve. Mais puisque cette dernière se fait entendre à la fin du premier film, la fonction est très loin d'être la même.
La chanson qui suit est une de mes préférées: A-t-on jamais vu ça?. C'est un morceau à l'énergie entraînante, dont le refrain est des plus mémorables. On pourrait dire que ce chant est l'équivalent d'Un Morceau de Sucre, mais le message que Mary Poppins fait passer n'est pas du tout le même. La nurse n'apprend pas aux Banks à savoir travailler en s'amusant. Elle les pousse à ne pas renier leur imagination, et à ne pas se reposer uniquement sur la logique.
A-ton jamais vu ça? est succédée par Royal Doulton Music Hall, la nouvelle Jolie Promenade. Comme la précédente séquence chantée, c'est une chanson pleine d'entrain, qui donne tout autant envie de taper du pied. Après, je trouve son air moins original, moins facile à chanter après écoute.
Puis, nous avons Méfiez-vous des apparences (toute ressemblance avec le titre d'une chanson DisneyToon est purement fortuite). J'aime bien l'aspect cabaret de cette chanson, avec Mary Poppins qui fait toute une représentation, pour donner une leçon aux enfants. A travers ses paroles très bien écrites, la nounou permet à John, Annabel et George d'être plus méfiants. Grâce à ce numéro, ils seront plus aisément en moyen de lutter contre le patron de leur père. J'aime beaucoup également quand Jack se dépêche, pour raconter rapidement la longue histoire du roi sans cervelle. Lin-Manuel Miranda va alors très vite et va presque jusqu'à raper. Cela contribue à donner un ton fun à la chanson.
Pour pleurer un petit coup, nous avons Où vont les choses. Tout comme Ne Dormez Pas et Nourrir les P'tits Oiseaux, c'est une douce mélodie qui endort les enfants Banks. Mais dans le fond, c'est une chanson très différente. C'est une réponse aux interrogations de Michaël. Ceux qu'on pleure ne s'en vont pas, ils changent de place. Mary Poppins réconforte John, Annabel et Georgie, en leur disant que leur mère n'est pas loin. Cette chanson n'a pas le côté particulier et étrange de Nourrir les P'tits Oiseaux, mais le sujet reste touchant. J'aime également beaucoup sa reprise, par les enfants Banks.


Vers la fin du film, Michaël craque et dit à haute voix que leur vie semble s'écrouler, depuis le décès de Kate. Mais ses bambins le consolent en reprenant les sages paroles de leur gouvernante. Ils reprennent un couplet que Mary Poppins avait chanté alors qu'ils étaient déjà endormis. Cela rend l'impact des conseils de l'héroïne d'autant plus poignant.


Encore une fois, la mélodie est plutôt difficile à chantonner, mais elle demeure douce, touchante et bien écrite.
La chanson suivante est Le monde est devenu fou. On peut dire que c'est la nouvelle C'est bon de rire. Là encore, un membre de la famille de Mary Poppins (j'ai jamais su si l'oncle Albert était vraiment son oncle... mais ça reste une possibilité) souffre d'un problème, alors que les héros lui rendent visite. Mais les ressemblances s'arrêtent là. La cousine Topsy ne veut recevoir personne, sa maison s'étant encore renversée. Mais Mary Poppins la pousse à savoir s'accommoder à cette situation, à accepter de voir le monde sous un autre angle. C'est encore une leçon qui servira aux enfants Banks, qui seront mieux à même de gérer les problèmes en adoptant différents points de vue. C'est encore un morceau qui donne envie de bouger, sans que je ne veuille pousser la chansonnette pour autant.
Ensuite, on a la nouvelle Entrons dans la Danse, avec Luminomagifantastique. A l'instar du morceau musical dont cette chanson s'inspire, Luminomagifantastique n'a que pour but de nous offrir un beau spectacle. Mais la promesse est tout à fait tenue. Avec autant de talent que les ramoneurs, les falotiers nous entraînent d'une belle manière dans leur univers. J'aime beaucoup le langage falotier, qui est plutôt impossible à comprendre (puisqu'on remplace entièrement ce qu'on veut dire par une autre phrase, qui rime plus ou moins avec celle que l'on veut dire), mais que Mary Poppins sait pourtant parler. La chanson dure sept minutes, afin de durer presque aussi longtemps que le numéro des ramoneurs. A notre époque, c'est plutôt osé de faire durer un morceau chanté aussi longtemps dans un film. L'hommage n'était donc pas facile à faire, mais il a été tenu. Et plus tard, Dick V... Dawes Jr vient nous faire l'honneur d'une reprise. Il prouve alors avec son énergie, qu'il peut reprendre les affaires de la banque, et ramener l'espoir dans la famille Banks.
Et pour finir, nous avons ma préférée: La Magie des Ballons. Michaël et tous nos personnages prennent des ballons, et de ce fait, s'envolent en oubliant leurs problèmes. Cette chanson me plaît encore plus que Laissons-Le s'Envoler, car tous les Londoniens que nous connaissons chantent ensemble, retrouvent leur bonne humeur tous ensemble. Comme pour l'ode aux cerfs-volant, l'air est très bien fait, et donne l'impression de tournoyer. C'est un chant qui réunit tout ce qu'il faut. C'est touchant, énergique, mémorable, tout ce que j'aime dans une chanson. Vers la fin, on entend la musique de Laissons-Le s'Envoler, ce qui rend le lien encore plus évident, mais crée un bel effet nostalgique.


Globalement, les chansons sont très réussies. Et je pense que la plupart s'écoutent plus facilement en-dehors du visionnage, que la majorité de celles du premier film. Cependant, comme je l'ai laissé entendre plusieurs fois, je trouve les mélodies globalement plus complexes. Je trouve important qu'une chanson Disney puisse être chantée des spectateurs. Et les airs des chansons du premier film étaient clairement plus facile à chantonner, je trouve. En tout cas, même si de nombreux chants sont faits pour en rappeler d'autre, j'ai aimé que cette suite ne joue pas la carte de la facilité, en reprenant ceux du premier opus. On entend parfois certains airs connus en musique, mais ils parviennent à être repris d'une bonne façon.


Je trouve ça tellement touchant, quand Dawes parle des deux pences laissés par Michaël, et qu'on entend la musique de Nourrir les P'tits Oiseaux...


Pour accompagner les chansons, nous avons de superbes chorégraphies parfaitement bien orchestrées et dynamiques. On croit complètement à ce qu'on voit, on assiste à l'incroyable talent des comédiens. J'ai ressenti un vrai coup de coeur pour la danse des falotiers. J'aime beaucoup leur manière de s'appuyer aux réverbères pour effectuer leurs pas de danse. Le numéro est original et bien à eux.


La réalisation de Rob Marshall est une grande réussite. La mise en scène est vivante, tout respire la magie. Ce que j'aime également beaucoup dans ce film, c'est qu'on réalise vraiment qu'on est à Londres. Dans le premier Mary Poppins, je me sentais dans l'Allée des Cerisiers, mais pas forcément dans la capitale de l'Angleterre. Mais à présent, les plans d'ensemble sont plus nombreux et donnent une impression plus palpable de la ville de Londres (bon, les techniques d'aujourd'hui sont plus sophistiquées, je ne le nie pas).
Pour la première fois depuis des années, un film live se mêle à de l'animation traditionnelle (Disney ne l'avait plus fait depuis Il Etait une Fois en 2007). Le but est clairement de toucher la corde sensible des fans, c'est sûr. Ce n'est même pas la révolution technologique qu'on avait avec en 1964. Mais voir que Disney croit toujours en la magie de l'animation 2D, ça ne me laisse pas indifférente. Sur ce point, le studio de Mickey n'a rien perdu de sa superbe, le travail visuel est toujours très beau. Le monde animé de la porcelaine est rempli de couleurs douces. L'ambiance est très sucrée. De plus, Le Retour de Mary Poppins ne se borne pas non plus à n'user que de l'animation traditionnelle. L'image de synthèse est également utilisée, notamment pour la séquence sous l'eau d'A-t-on jamais vu ça?.


Bref, vous l'aurez compris, je suis conquise. Je suis d'accord que rien n'obligeait ce film à exister, l'opus original se suffisait très bien tout seul. Et cette suite se sert beaucoup de la nostalgie des aficionados de Mary Poppins. Mais selon moi, elle le fait d'une manière beaucoup plus intelligente et sincère que les remakes live sortis ces dernières années. La structure est quasi-identique, mais ce second épisode propose malgré tout une expérience bien différente. Rob Marshall a très bien compris ce qu'il avait entre les mains, il a su ce qu'il fallait conserver et changer dans cet univers. Et je sais que c'est mal vu de préférer une suite au classique original, mais je pense que cette séquelle me touche encore plus. Elle propose une manière encore plus émouvante de sauver M. Banks.
C'est donc une très bonne suite, que je conseille. A peu de chose près, parfaite en tous points.

ErizuTeriyaki
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le 22 déc. 2018

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ErizuTeriyaki

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