Le Retour des hirondelles est à la fois existentiel et politique. Ma et Cao semblent endurer un mariage arrangé par leurs deux familles et contre toute attente, ils vont profiter de cette augure pour s’émanciper d’elles et bâtir leur nouvelle existence, à l’image des hirondelles de leur premier logis ne comptant pas leurs heures pour construire leurs nids et profiter d’une prospérité aussi bienvenue que précaire. En initiant Cao à une tendresse réconfortante, Ma va aussi lui faire comprendre qu’elle peut elle aussi faire preuve d’empathie et donner d’elle-même pour le relever et prendre soin de lui à son tour. Des moments magnifiques où leur attachement va être marqué à même la peau par un grain de blé.De plus, leur communauté moqueuse se rend vite compte que les émotions de ces deux êtres surclassent de loin sa tendance à la bassesse et à la méchanceté gratuite. L’autre dimension du retour des Hirondelles, c’est de montrer l’exploitation d’une paysannerie chinoise illettrée et non éduquée pour produire contre de faibles revenus le maïs et le blé. La valse entre exploiteurs et esclaves du sol est bien sensible pendant le film et l’argument définitif de la démolition récurrente des fermettes de fortune a de quoi hérisser le spectateur surtout pour justifier cette utilisation productive du sol où l’humain ne pèse rien. Chaque scène du réalisateur est calibrée pour montrer que cette main d’œuvre vit uniquement pour travailler et manger, une réalité incontestable ayant sûrement dû inciter la censure chinoise à interdire le film. Aussi âpre soit il, le récit tient la distance grâce au couple de Ma et Cuo, qui ont appris à saisir la beauté dans l’existence et à vivre malgré leurs fardeaux divers ( la pauvreté, le handicap léger pour elle, et une famille s’évertuant à suivre la logique d’une société au garde à vous).Très sensoriel, le film s’apprécie pour le cycle des saisons mais il demeure fait de petites longueurs car l’horizon des protagonistes est limité à leur labeur et à leurs manques criants de perspective.Seul petit bémol pour un film superbement filmé militant pour une humanité plus juste et respectée aussi humble soit elle.