En septembre dernier, Le retour des hirondelles a connu un vif succès en salles avant que le régime chinois ne l'interdise et en modifie la fin. C'est par bonheur la version non censurée qui circule dans le monde entier, chronique d'un monde rural traditionnel en voie de disparition. Li Ruijun, dont c'est le premier long-métrage distribué en France, raconte ce mouvement inéluctable à travers un couple de paysans déshérités dont le mariage arrangé et tardif convient parfaitement à leurs familles respectives, qui les considèrent comme des fardeaux inutiles. Au fil des saisons, des semailles et des récoltes, sous l’œil placide d'un âne peu rétif à la tâche, se noue une relation de plus en plus profonde entre ces deux êtres méprisés, qui bâtissent leur propre bonheur,peut-être éphémère, à la sueur de leur front.. Dans le même temps, mais sans insister outre mesure, le film évoque la corruption des coopératives agricoles et l'avidité des promoteurs immobiliers. Il est indéniable que Le retour des hirondelles (Return to Dust, le titre international, est davantage pertinent) requiert du spectateur une grande patience, égale à celle de ces petits paysans, mais le voyage vaut la peine, dans une tonalité plutôt douce, qui ne cache cependant pas la violence ambiante. Li Ruijjun, issu lui-même du monde rural, connait bien toutes les problématiques livrées dans le film. Il doit sans doute ne pas manquer de s'indigner quand il entend le gouvernement de son pays prétendre qu'il n'y a plus de pauvres en Chine.