Retour dans l'Ouest secret de James West et Artemus Gordon !
Si le temps a passé, si nos deux compères accusent un sacré coup de vieux moins physique que générationnel - ils affrontent les enfants de leurs adversaires ou se font courtiser par les filles de leurs ex-conquêtes - il demeure un bon nombre de mystères fantastiques et technologiquement en avance sur leur temps.
Les sixties avaient vu exploser la bombe Bondmania et fleurir autour d'elle une pléthore de sagas et de séries d'espionnage de même veine. Parmi ces dernières, le "James Bond à cheval" mi-espion mi-cow-boy.
La fin des sixties a vu quant à elle se faner la plupart de ces trouvailles mais c'était sans compter sur leur ADN de phénix qui a permis à Chapeau Melon et Bottes de cuir de revenir au milieu des seventies. Mais c'est en 1979, tandis que Bond part pour une virée dans l'espace que l'une de ses séries télévisées soeurs fait un retour aussi fracassant qu'inattendu à l'origine du retour de toutes les autres de Max la menace (1980), Man from UNCLE (1983), Mission: Impossible (1988), jusqu'à I Spy (1994). Cette pionnière résurrectrice, c'est Les Mystères de l'Ouest, sans doute due au succès du western spaghetti.
Dix ans après la fin de la série, voilà les héros de retour dans un esprit plus seventies que sixties, c'est à dire en totale auto-dérision.
Si vous n'aimez pas l'humour bondien auquel Roger Moore a servi assez injustement d'étiquette, passez votre chemin. L'esprit de la série est là mais plus fantaisiste, plus folâtre, accompagné de bruitages cartoonesque par instants et de gags entourant les personnages de l'antagoniste ou des cadres des services secrets.
L'antagoniste du jour, ce n'est plus Loveless mais Loveless Jr. Ce n'est donc plus Michael Dunn mais Paul Williams. Et, en VF, Patrick Poivey, future voix de Tom Cruise et Bruce Willis.
Car Loveless, qui lui aussi a vieilli, est mort ... d'ulcères à l'estomac causés par West et Gordon ! Et il attend bien sagement dans son caveau ozymandasien que son fils et sa fille le vengent.
Loveless Jr est toujours nain mais ne fait plus qu'une tête de différence avec ses ennemis. Il crée davantage la surprise par son complot que par son imitation un peu simpliste de son père. Pour faire court, c'est le Loveless de Branagh mais nain et non cul-de-jatte. De sorte qu'on peut penser que Sonnenfeld n'a vu que ce Mystère de l'Ouest avant d'entreprendre son film ...
Néanmoins, Loveless Jr dispose d'automates qui lui permettent de remplacer les dirigeants des pays du monde entier, première menace jamais réellement désavouée et qui permet un trait satirique jouissif à l'encontre de nos bons pantins de politiques. Le fils de l'ennemi juré de West dispose également d'une technologie que le monde et les habitants d'Hiroshima et Nagasaki ne connaîtront que bien plus tard et menace d'en user contre les pays qui refuseraient de se plier à la loi de ses automates. Menaces de l'Ouest plus que Mystères de l'Ouest, certes, mais le scénario est plaisant, pour peu que l'on se laisse entraîner par l'onirisme de ce temps-là, plus rêveur, blagueur et insouciant.
Les femmes ne manquent pas, qui sont espionnes ou criminelles, dangereuses et surtout les égales de l'homme quand elles ne lui sont pas supérieures dans les services secrets russes ou britanniques. Quand elles ne sont pas fortes, elles sont reine ou un terrifiant témoin du temps qui passe.
Robert Conrad, qui ose d'emblée la moustache avant de la raser heureusement, est fidèle à lui-même tout en riant de son personnage, ayant acquis la nationalité mexicaine et donnant dans la polygamie (quel beau pays !). James West devient une sorte de James Bond de Skyfall en début de métrage pour revenir en force par la suite.
Ross Martin n'est pas en reste, tout en jeux de jambes, en mimiques comme en flegme et donne dans le comique et le déguisement outrancier dans une scène de saloon. Une scène qui renforce le sentiment que Sonnenfeld a dû confondre la série avec ce téléfilm séquel.
En somme, un agréable téléfilm, bénéficiant d'acteurs très en forme et ne se prenant pas trop au sérieux, d'un running gag plutôt sympathique qui rappellera aux spectateurs du nouvel OSS117 ce qu'il ne faut pas faire à Gstaadt, quelques idées surprenantes (qui aurait pensé voir un jour James West fricoter avec Loveless ? Sa fille, je vous rassure !)
Une bonne suite à la série mythique.