A travers la relation entre Samid, réparateur de télévision et ancien projectionniste, et Ayaz, 16 ans, débrouillard et passionné de vidéos réalisées au téléphone portable, binôme qui décide de recréer un cinéma dans leur village (avec projection d’un film indien), le film est avant tout un documentaire sur les régions montagneuses et pauvres (chemins boueux, connexion difficile à internet) de l’Azerbaïdjan (petite république du Caucase, coincée entre la Russie au nord et l’Iran au sud et ayant accès à la mer Caspienne où se trouve sa riche capitale Bakou) et sa population aliénée par la religion et les traditions, plus que sur le cinéma. Le film est plus proche du documentaire « Talking about trees » (2019) du Soudanais Suhaib Gasmelbari (qui raconte la tentative de 4 cinéastes à la retraite de créer un cinéma en plein air, se heurtant à la censure islamiste et à la bureaucratie) que de « Cinema Paradiso » (1988) de l’Italien Giuseppe Tornatore, relatant les liens forts entre Totò, enfant et Alfredo, projectionniste dans un village de Sicile. C’est aussi le portrait d’un homme, veuf qui a perdu son fils, Polad, en 2020 à l’âge de 29 ans, dans un accident de chantier à Bakou, après 8 jours de coma. Le film est attachant, car, bien qu’il s’agisse d’un documentaire, le réalisateur a su créer une trame narrative (quel suspense concernant la réception de 2 lampes de projecteurs commandées en Lituanie !).