Célèbre metteur en scène de théâtre, André Barsacq a porté à l’écran ce scénario de polar signé de son ami Jean Anouilh, lequel n’est pas Agatha Christie et encore moins Boileau-Narcejac! Ce qui fait que l’on s’intéresse assez peu à l’intrigue, d’autant que la construction en flash-back nous révèle déjà beaucoup sur les coupables. Mais si elle est assez maladroitement racontée, cette histoire de pouvoir et de jalousie, où les drames qui se jouent en coulisses sont le reflet exact de l’action jouée sur scène, vaut pour sa description réaliste du petit monde du théâtre, et bien sûr pour ses acteurs, à l’exception de Monelle Valentin, qui est mauvaise au delà de tout. Michel Simon fait du Michel Simon
(pas très longtemps puisqu’il est occis après une demi-heure)
, Pierre Brasseur est lui aussi égal à lui-même, sans être forcément très à l’aise dans ce rôle shakespearien. Le plaisir vient surtout des seconds rôles à commencer par Noël Roquevert, génial dans la peau d’un vieux cabotin trop porté sur la gnôle, tandis que l’amusant duo de flics formé par Jean Brochard et Olivier Hussenot apporte une dimension gentiment satirique à cette intrigue dont le dénouement (les coupables sont découverts grâce à un enregistreur qui tournait au moment du crime) fait penser à un autre film, américain celui-là, Le masque arraché, de David Miller, une histoire de vengeance autrement plus baroque qui se déroule également dans les milieux du théâtre.