Unique film d'André Barsacq, grand metteur en scène de théâtre, et écrit par Jean Anouilh, « Le Rideau rouge » parle sans surprise de... théâtre. On sent d'ailleurs bien que les deux bonhommes maîtrisent parfaitement leur sujet car sans faire de grandes révélations, le milieu est décrit avec beaucoup de justesse, que ce soit la rivalité entre certains comédiens, les préparatifs du spectacle ou encore les discussions juste avant le début de la pièce. De ce point de vue, c'est vraiment comme si on y était, le réel effort ayant été fait niveau costumes et surtout décors ne faisant que renforcer cette impression.
Regrettable, toutefois, que Barsacq et Anouilh ait quelque peu laissé le poids de « Macbeth » écraser l'enquête policière, car déjà que celle-ci est assez aisément devinable, elle est durant ces moments presque traitée par-dessus la jambe. Dommage car dès qu'il en est question, les situations sont prenantes et les dialogues sans surprise d'un haut niveau, ne faisant que renforcer la bonne impression générale de l'œuvre. Reste ce parallèle un peu facile et pas subtil-subtil entre le meurtre commis dans le film et ceux commis par Macbeth dans la pièce, mais toutefois plutôt efficace, d'autant que certains points communs sont bien vus. Ajoutez à cela quelques numéros d'acteurs particulièrement brillants (Michel Simon, Jean Brochard et surtout Noël Roquevert, impressionnant en comédien fantasque et pathétique), et vous obtiendrez une oeuvre légèrement inaboutie, mais suffisamment habile et intelligente pour mériter le détour.