Face à la Mère
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le 3 nov. 2024
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Entre le syndrome du chevalier blanc sauvant les sauvages et entre la récupération partielle de la condition naturelle pour en faire une réécriture pseudo-évangélique afin de placer l'égo du colonisateur encore plus haut dans les stratosphères de son mirage prométhéiste, j'ai la profonde conviction que l'homme occidental a fini par faire le choix du déni et de garder son arrogance avec ce film.
On me l'a vendu comme étant un film fort, avec plein de degrés de lecture, pour les grand plus que les petits, et que j'allais pleurer toutes les larmes de mon corps, un chef d'œuvre philosophique qui fait pincer les méninges. J'en suis sorti crispé, gêné, déçu, déprimé, et narquois alors que j'ai la chiale facile d'habitude
Comment peut-on tolérer une vision aussi révisionniste et bourgeoise (urbaine) de la condition naturelle, alors que les mêmes qui font l'éloge de cette daube sont ceux qui vont te citer toute la filmo de Miyazaki en soirée ? (Miyazaki qui s'est tué à la tache pour replacer l'homme occidental dans son environnement depuis des décennies afin d'y exposer enfin ses désillusions narcissiques et d'y envisager l'écologie sans mensonge)
Comment peut-on accepter cet obscurantisme biblique d'un Noé arrogant à l'égard d'une Nature et son arche qu'on aime tant revendiquer maintenant qu'on a les clés de l'écologie au premier plan des discussions internationales ? Comment peut on prétendre la moindre crédibilité écologique pour la génération de demain, si on pond encore des navets pareil qu'on ose pleurer ?
Comment peut on accepter l'effacement de toute la violence naturelle que l'humanité s'est tuée à la tâche à combattre, apprivoiser, coexister, retranscrire, et rationaliser alors qu'on est en passe de comprendre les défauts de notre propre nature dans notre comportement apocalyptique et capitaliste ? Combien de temps va durer cette dissonance cognitive prétentieuse dans ce monde en feu ?
Le message est le suivant : L'empathie qui l'emporte sur les différences. L'intention de la réal est clairement de montrer qu'avec les "bonnes intentions" (l'amour, la gentillesse) on peut transfuger n'importequelle nature et choisir sa famille.
Je ne dis pas que l'intention n'est pas bonne, au contraire, elle a le point positif d'ouvrir les rapports entre les clans. Mais malheureusement, c'est exactement le mindset du colon chrétien des années 1900 qui vient "changer sa vie" en Afrique pour "instruire" avec "compassion" les petits arriérés. Et oui surprise, la colonisation a persuadé ses colons qu'ils agissaient dans l'altruisme et la générosité, mais encore faut-il que le peuple greco-saxon lâche sa narcisse et comprenne que leurs intentions ne valent pas leurs actions.
Le socle philosophique n'est clairement pas le bon pour encourager "l'empathie" car celui-ci glorifie à outrance les intentions d'un individu principal (ô grand chevalier blanc mal programmé), en vulgarisant totalement les besoins et les personnalités des autres personnages qui sont mis fallacieusement sur le même plan alors que leurs nature est complètement invisibilisée. Ce n'est donc pas une histoire d'empathie mais "d'autorité positive". Le message dans le fond est bon, mais très mauvais dans la forme, et peut clairement induire des notions de supériorité injustifiée. Il faut glorifier l'empathie, mais dans le respect et la reconnaissance de l'autre, pas dans le dénigrement, la négligeance et l'effacement de l'autre.
Bref, un navet spéciste bourré d'incohérences volontaires, une révision mensongère et dangereuse de besoins de la nature, avec une musique graveleuse. L'image et la mise en scène sont sacrément cools cependant.
Créée
le 24 oct. 2024
Modifiée
le 25 oct. 2024
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