Oui, le masqué vous avait dit beaucoup de bien des Bad Guys et du Chat Potté 2 : La Dernière Quête. Il n'avait pas plus résisté aux attraits de la suite des Croods ou encore de la fin d'une saga chère à son coeur : Kung Fu Panda.
Sauf qu'entre ceux-là, il y avait aussi l'imparfait La Nuit d'Orion, tentative un peu bancale de braconner le style Pixar, l'inexplicable Ruby : L'Ado Kraken, d'une laideur assez phénoménale, ou encore les imbuvables Trolls, que le masqué rattrape pour se faire souffrir lorsqu'ils passent sur la TNT.
Tout cela pour dire que les studios DreamWorks Animation, depuis la fin de leur formidable saga Dragons, étaient un peu rentrés dans le rang. Il faut aussi reconnaître qu'ils n'arrivaient plus à irriguer leurs œuvres du petit supplément d'âme faisant tout le prix de leurs magnum opus.
La bande-annonce du Robot Sauvage assurait le minimum syndical : donner envie de se déplacer en salle, sans pour autant faire miroiter le sommet de la filmographie DreamWorks. Et il a fallu attendre que s'écrive le nom de Chris Sanders à la barre de l'oeuvre, soit l'un des heureux papas de Dragons et de Lilo & Stitch, pour que le masqué se dise que l'on tenait peut être quelque chose de fort.
Et lorsque que son éclaireur le plus aiguisé en matière d'animation, l'ami Nick_Cortex, a fait part d'un premier retour dithyrambique dont il a le secret, Behind a soudain été accroché.
Le pire, c'est qu'il avait raison sur toute la ligne, le bougre.
Car même si les thèmes du Robot Sauvage ne sortent à aucun moment des sentiers battus, ils sont approchés et imbriqués avec tout le talent de conteur que l'on connaît de la part de Chris Sanders. Ainsi qu'avec un cœur gros comme ça, en passant du sourire à l'attendrissement, de la tension à la larmichette versée rappelant d'excellents souvenirs de retrouvailles et d'au revoir mis en scène par le petit pêcheur sur son croissant de lune.
Bien sûr, Roz dénote dans ce décor d'île verdoyante et vierge de toute influence humaine. Toute en rondeurs maladroites et en mouvements empruntés, elle est dépeinte comme l'étrangère venant dérégler un fragile équilibre, le grain de sable dans le quotidien qu'il faut éliminer. Un élément extérieur à la découverte du monde qui l'entoure, qui devient maman par accident, rappelant qu'un parent est fatalement destiné à se tromper, tout comme le film parle, en parallèle, de la nécessaire émancipation de sa progéniture. Une double voie narrative traitée dans un geste doux comme le duvet d'un oisillon, alternant l'humour parfois cruel et les moments de grâce et de mélancolie qui touchent au cœur.
Tout comme ce message concernant sur la différence et la nature autre de certaines familles de circonstances, recomposées ou sortant des cadres de la normalité.
Là réside toute l'humanité, la poésie du rapport avec la nature et la sensibilité de ce Robot Sauvage et de son petit monde que le cœur du spectateur voudrait écarter pour toujours de toute influence de la civilisation. Une civilisation qui apparaît lointaine, enfermée dans une modernité semblable à celle décrite dans Wall-E, arc-boutée face à un environnement qui a déjà été irrémédiablement bouleversé, évoqué le temps de quelques images aussi puissantes que fugaces, enrichissant le propos de l'oeuvre qui prend les allures de véritable fable d'anticipation écologique.
La beauté de l'ensemble, quant à elle, se devinait dès les premières secondes de la bande-annonce, reprenant à son compte une partie du charme graphique du Chat Potté 2 : La Dernière Quête, parant l'aventure et le cœur de Roz de superbes images chatoyantes et de tableaux inspirés.
Et si la dernière ligne droite est un peu plus convenue, elle n'entame à aucun moment le charme fou de l'ensemble, la retenue et la pudeur de Chris Sanders qui, une nouvelle fois, réussit à nous émouvoir et à porter haut sa nouvelle épopée. En la parant du petit supplément d'âme qui faisait défaut à DreamWorks depuis 2019.
Behind_the_Mask, robot pour être vrai.