La première fois que j'ai vu ce film, je devais avoir treize ans. Soyons honnête, à cet âge là, les hormones ont tendances à obscurcir toute forme de jugement objectif. La bande-annonce était plutôt efficace, elle montrait Artorius (Clive Owen) et sa bande de loubards barbares se castagner allégrement contre une horde de guerriers Pictes peinturlurés (ils ont tout de même le culot d'être chez eux, les bougres), puis contre de vilains Saxons barbus. La mise en scène avait l'air correcte, les rares plans de bataille montrés dans la bande annonce avaient l'air plus que potables...Bref, il me fallut peu de temps pour convaincre un de mes potes de m'accompagner le voir au ciné. Je suis sorti de la séance, ni déçu, ni subjugué. J'en avais eu pour mon argent.
Puis les années ont passé, mes "goûts" ont changé, normal quoi. Je suis retombé sur Le Roi Arthur parmi ma collection de DvDs, j'avais presque oublié que je l'avais (sans doute un cadeau d'un proche qui pensait bien faire à l'époque). J'en avais un vague souvenir, relativement bon d'ailleurs, et ne sachant quoi regarder d'autre, j'entrepris de réitérer l'expérience, avec un pote une fois de plus. Heureusement que c'était un bon copain, j'ai coupé les ponts avec certains pour moins que ça.
En soit je n'ai rien contre les réécritures modernes des contes et légendes "classiques". Je trouvais même plutôt chouette qu'on se passe des tours de passe-passe de Merlin et de la petite sirène pour une fois. Présenter la grande-Bretagne sous le joug de l'Empire Romain était assez audacieux, montrant ainsi une sorte de "prequel" au règne d'Arthur et de ses Chevaliers de la table ronde. La musique d'Hans Zimmer était pas trop dégueulasse (encore qu'on s'en lasse assez rapidement), les acteurs n'étaient pas trop mal dirigés et quelques plans demeuraient assez esthétiques.
Mais, au lieu de me replonger gaiement dans mes doux souvenirs d'ado prépubère accro aux péplums, ce film m'a plutôt donné envie de revenir dans le temps, de retrouver mon "moi" à treize ans, et de lui péter les deux jambes pour qu'il n'assiste jamais à ce fameux premier visionnage : "Va donc voir Shrek 2 ou Big Fish, manant !"
Plus sérieusement, Le Roi Arthur est un film navrant dans l'ensemble, qui a au moins eu le mérite de me faire passer une bonne soirée movie bashing un peu arrosée (fallait bien ça).
Les défauts sont si nombreux et les "qualités" si rares (et déjà mentionnées) que je ne sais même pas par où commencer. Le scénario n'est rien d'autre qu'une excuse grossière permettant de justifier une épopée à cheval déplorable à travers une Grande-Bretagne aussi brumeuse que ma chambre un soir de fête. "T'y vois quelque chose Arthur ?" "Dieu me montrera la voie !"
T'as raison mon pote...Tient en parlant de ça, on était obligé de se fader quinze mille dialogues ostensiblement religieux ? Qu'Arthur soit présenté comme catholique ne me paraît pas choquant en soit, c'est plutôt logique même, si l'on considère que son personnage est influencé par les pratiques romaines de l'époque. Mais je ne comprend pas pourquoi le réalisateur s'est senti obligé d' en faire un prêcheur idéaliste, mièvre et sans consistance véritable.
Dans le genre d'ailleurs, je tiens à souligner à quel point les personnages secondaires sont plats (pourtant le casting est loin d'être sale, Mads Mikkelsen et Ray Winstone en tête). Je ne parlerai pas du personnage de Guenièvre, une espèce de mélange hétérogène entre Robin des Bois et Xena la guerrière, dont la poitrine à été gonflée à grand coup de filets de poulets et de scotch (véridique hein, je vous invite à vérifier par vous même).
On ne parlera pas non plus de la fameuse scène de la banquise, où Dagonet se prend pour Thor avant l'heure (ou Hulk au choix) et fend une couche de glace aussi épaisse que Queen Latiffa à grands coups de masse, tandis que ses potes abreuvent copieusement de flèches une bande des Saxons aryens décérébrés. On ne parlera pas non plus du prêtre inquisiteur fanatique qui se fait emmurer par trois fois en l'espace de dix minutes. Et enfin, on ne parlera toujours pas des vaines tentatives du réalisateur pour rendre ses protagonistes "profonds" et "attachants", qui n'ont d'autre mérite que de couper la rythmique d'un film qui en manque cruellement. Il ne se passe presque rien pendant trois gros quarts d'heure.
Je pourrais continuer à cracher sur cette bouse infâme pendant des heures et des heures, mais je m'en abstiendrai. J'ai mal à la tête rien que d'y penser et vous avez probablement autre chose à faire, comme regarder un vrai film par exemple, ou vomir votre bile sur une immondice du même genre (allez y, ça soulage).
Ps : Par contre si vous n'avez rien à faire, ou rien de bien, penchez vous un peu sur le casting du Roi Arthur deux secondes et si vous ne devez en retenir qu'un nom, retenez celui-ci : Ray Stevenson. Il interprète l'excellent Titus Pullo dans une série toute aussi excellente, Rome, que je vous recommande vivement (HBO quand tu nous tiens).