Fils du roi Uther Pendragon (Eric Bana) et orphelin, Arthur (Charlie Hunnam) a grandi sans connaître son origine royale dans une maison close de Londres. Mais l’usurpateur Vortigern (Jude Law), oncle d’Arthur, recherche activement son neveu afin de le faire tuer, et ainsi s’assurer de conserver le trône pendant des années.
L’histoire est connue, elle a bénéficié de nombreuses adaptations (méritées) à l’écran. Seulement, elle échoue ici entre les mains de Guy Ritchie, un réalisateur pas vraiment connu pour son sens de la finesse… Et cette absence totale de finesse, il la pousse ici à son paroxysme, dans un blockbuster dénué d’âme à un point assez étonnant. Mais bon, on était prévenu, les affiches donnaient déjà le ton, avec leur esthétique à peine digne d'une publicité pour parfum. Pour rappel :
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L’ensemble du film se retrouve dans ses deux scènes introductives. La première, une scène de bataille titanesque qui voit s’affronter l’armée du roi avec des éléphants de cent mètres de haut, nous annonce que le film se place sous le signe de l’exagération et du trop-plein d’effets numériques, et c’est peu dire qu’à ce niveau, on est largement servi. La deuxième voit la croissance d’Arthur, de jeune garçon à adulte combattant, dans un montage épileptique absolument irregardable, puisqu’on ne sait même pas ce qu’on est censé apercevoir dans ce fouillis d’images subliminales qui se succèdent sans grande logique apparente.
A l’image de ces deux scènes, Ritchie multiplie durant son film des montages parallèles aussi insupportables qu’incompréhensibles. Or, dans un film digne de ce nom, le montage durant lequel on voit s’entremêler les préparatifs et l’exécution d’un plan sert en général de transition entre ces deux phases capitales, mais là, non. Le montage n’existe que pour lui-même et ne nous introduit à rien du tout. Une fois terminé, on passe à tout autre chose, et on oublie déjà ce qu'on vient de regarder.
C’est d’autant plus dommage que lorsque Ritchie prend le temps de poser sa caméra sur un support stable pour filmer des discussions entre personnages, on se rend compte que ces derniers ont un réel intérêt, et qu’il y avait de quoi en faire un grand film. D'autant que ces personnages sont servis par un casting plus qu'honorable, à commencer par un Jude Law d'une grande classe. Mais Ritchie ne s’intéresse pas à ses personnages, pas plus qu’à ses spectateurs. Il ne s’intéresse qu’à ses effets spéciaux et à ses scènes d’action, veillant soigneusement à les rendre les plus illisibles possibles, afin que le spectateur n’y distingue plus rien que de vagues éclairs jaunes et bleus sortis tout droit d’un jeu vidéo, et qu'il ne sorte de ce film qu'avec la plus grosse migraine de sa vie.
On aimerait pouvoir dire que le film s’appréciera les yeux fermés, mais comme Ritchie a même envisagé cette possibilité, il a demandé à son compositeur Daniel Pemberton de nous lancer dans les oreilles le pire tapage qui soit (peut-on seulement l’appeler « musique » ?), et ce dernier a trouvé la solution en ne faisant répéter à ses instruments qu’une seule et unique note sur tout le film avec la délicatesse d’un marteau sur une enclume. Et à partir du moment où pour apprécier un film, on doit fermer les yeux et se boucher les oreilles, on ne voit pas bien ce qui devrait nous pousser à le regarder…
On préférera donc amplement revoir Kaamelott, une série qui, au moins, a le mérite d’être drôle de manière volontaire et non à son détriment, et qui est surtout respectueuse de son sujet autant que de son spectateur.
Un des seuls points positifs du film, finalement, c’est qu’il bénéficie d’un bon sens du rythme, nous permettant de ne pas nous ennuyer un instant. Seulement, si c’est pour regarder un tel étalage de stupidités, ça n’en vaut pas forcément le coup…
*Perceval (si, si !)