C'est avec l'amère sentiment d'une histoire bien trop souvent exploitée et rarement pertinente que je découvrit l'existence de ce projet filmique. Et puis il y a eu cette bande annonce qui su me la coller au nombril en bonne et due forme, qui su me refiler du frisson comme t'en connais assez peu finalement. Son rythme effréné, décalé, sa musique épique au possible, le nom de Guy Ritchie inscrit dans un tableau déjà conséquent, tout cela avait de quoi rendre veineux son homme et lui allécher les papilles...
J'avais peur, je craignais de me retrouver face à un pet foireux, avoir trop idéalisé une œuvre sans l'avoir réellement dégusté. Et puis il y eu le jour de la sortie et ces notes très moyennes. Pas top que je me disais en me rendant à ma séance pour n'y retrouver qu'une salle à moitié remplie. La loose, j'avais attendu ce truc des mois durant en spéculant sur une valeur qui semblait déjà s'étioler. A peine la lumière lui éclairait la face qu'une ombre s'abattait aussitôt. Ébranlé mais pas découragé que j'étais, il fallait tenter l'expérience et admettre mon erreur si elle se justifiait.
Et bien non, elle ne se justifie pas. Le Roi Arthur a bien des défauts mais certainement pas celui de constituer un mauvais moment.
Hors de question de revenir en détail sur la légende Arthurienne et tenter d'y établir le récit détaillé de la fidélité de notre présent film. Je noterai tout de même le fait que Vortigern aurait certainement gagné en filsdeputerie si l'ami Ritchie avait choisi d'en faire le vicieux père d'Arthur qui, sous les traits d'Uther avait engrossé la reine. Mais passons, pas moyen de s'étendre dessus. Tout le monde connaît déjà tout sur le sujet.
Avec ce film Guy Ritchie a pris un risque certain ; à savoir adapter son style exubérant à une histoire fantastique. Le pari était réussi dans son premier Sherlock Holmes, l'ambiance hyperactive, il faut dire, s'y prêtait totalement. Devant son Roi Arthur on peut imaginer la chose rebuter, jouant sur le fil d'un rythme potentiellement bâtard pour qui ne serait pas accoutumé à la nouveauté si je puis dire. Et quand je parle de nouveauté, je le fais avec des pincettes tant la patte verbeuse et dynamique du Ritchie s'avère ici très reconnaissable avec comme porte étendard ce putain de bon Snatch.
Quand bien même il ne s'agit pas d'un coup d'essai, le Roi Arthur m'a refilé (non sans migraine) un sacré sentiment de surprise, et pas des moindres. Entendons nous deux minutes : à bien des égards, notamment sur sa trame de fond, le récit demeure très classique et orienté sur de l'action pure et dure extrêmement stylisée, bref personne ne doutait de l'énorme place laissée ici à un divertissement en grande pompe. Or, une fois passé ces éléments qu'on avait déjà bien intégré avant même que la séance ne débute, impossible de ne pas reconnaître que l'œuvre à un truc, un "je ne sais quoi" qui va lui donner toute sa particularité dans les méandres de blockbusters attendus pour l'été.
Et ce "je ne sais quoi" va être ce que j'évoquais tout à l'heure comme à double tranchant, à savoir le rythme. Car du rythme il y en a ! On te passe à la vitesse de la lumière en training montage l'enfance d'Arthur sous fond d'une musique toute aussi épileptique (par ailleurs la bande originale dans son intégralité est vraiment dingue) et on va rebondir sans cesse entre phases apaisées et montage ultra nerveux, sur-cuté mais tellement réjouissant, putain ! Que ce soit dans les combats où caméra et débris en tout genre volent dans les coins comme ton chat avec trois grammes de coke, ou dans des dialogues d'apparence tout simples, tout fuse du tonnerre, le spectateur n'a alors plus qu'à retenir fermement les bras de son fauteuil pour ne pas s'écrouler devant l'avalanche de détails lui passant par la rétine. L'adrénaline ça plait, ça ne plait pas, ça fait gonfler le chibre ou ça énerve, à la convenance de chacun.
Au fond ce qu'on va retrouver sans mal dans le Roi Arthur c'est cette façon qu'a de plus en plus le cinéma de s'inspirer du jeu vidéo lorsque le schéma inverse semblait pourtant se profiler. Certaines scènes de combat rappellent alors ces cinématiques qui ont pu nous faire frémir, avec une 3D presque similaire sans pour autant tomber dans le grotesque vomitif.
Tellement de choses se bousculent dans ma tête...comme la résultante de cet amas excitant dans le montage, cette vigueur dans l'ambiance et le traitement des personnages. Le Roi Arthur ne fera certainement pas l'unanimité, j'en conviens et décide de m'en battre royalement vu le boulot abattu et le tour de force réalisé au sein d'un genre qui peine à se hisser à la barre glissante du charisme.