Le Roi de cœur par Gérard Rocher La Fête de l'Art

Durant la première guerre mondiale, les habitants de Marville ont quitté les lieux, les allemands ayant caché une machinerie pour faire sauter le bourg. Un jeune soldat anglais, Plumpick, est envoyé sur place afin de désamorcer le mécanisme infernal. Or il ne reste plus à Marville que les bêtes d'un zoo et... les pensionnaires d'un asile de fous. Ceux-ci vont profiter de l'aubaine pour sortir de ce lieu sinistre et s'approprier la ville en occupant les bâtiments et vivre leur vie avec leurs joies, leurs peines et leurs fantasmes. Pendant ce temps, les animaux du zoo vont et viennent dans la ville. Plumpick rencontrant ces étranges citoyens va se laisser séduire par eux et sera nommé "Roi de Cœur" par le "Duc de Trèfle" et "l'Archevêque" va alors s'empresser de célébrer cet évènement dans la joie lors d'une cérémonie à la cathédrale de la ville. Malgré cela, le mécanisme infernal n'a toujours pas été découvert et risque de tuer des innocents....


Philippe de Broca nous avait habitués auparavant à des films d'aventures à gros budgets pour large public tels que "L'homme de Rio", "Cartouche" ou "Les tribulations d'un chinois en Chine". Pour sa huitième réalisation, surprise, le réalisateur produit avec Le Roi de Cœur un film tout à fait original, avec un sujet grave mais traité d'une manière tendre et parfois burlesque. Ce long métrage interloqua tellement les critiques et la presse que le succès ne fut pas au rendez-vous. Il est vrai que l'on peut se sentir provoqué par ce film à l'humour grinçant. Les fous qui ont fondé dans le village leur micro-société ne sont en fait pas ceux que l'on croit. Pendant que les gens dits normaux se sauvent ou s'entretuent à la guerre, nos fous qui ne connaissent pas la méchanceté organisent seuls leur vie dans la joie, la tendresse et l'insouciance. Avec eux, le monde paraît beau, sans nuage et apaisant. Ces fous nous paraissent tellement normaux que l'on finit par les envier avant que la fin de cette fable bouleverse notre sensibilité et nous ramène à la dure réalité de la société.


Les personnages, sont tous aussi fascinants les uns que les autres dans leur façon de s'exprimer, d'agir et de s'aimer. Ils s'agitent dans leurs costumes d'apparat et rigolent inconscients du drame qui se dessine. Pour en arriver à une telle vérité dans ces rôles, le réalisateur s'est entouré d'une distribution de gala avec notamment: Geneviève Bujold, Michel Serrault, Pierre Brasseur, Alan Bates, Jean-Claude Brialy, Micheline Presle et bien d'autres. Tous ces personnages portent des noms révélateurs: Coquelicot, Monseigneur Marguerite, Madame Eglantine ou le Général Géranium.


Ce voyage au pays des simples d'esprit nous enchante d'abord par sa gaité, sa gentillesse et sa poésie puis finit par nous mettre mal à l'aise, car lorsque ceux-ci regagnent leur sinistre résidence habituelle, la ville redevient grise et triste. La fantaisie et la tendresse se sont envolées pour laisser place à la morne routine. Ne manquez donc ce Roi de Cœur sous aucun prétexte bien que cette œuvre se fasse très rare sur nos écrans.


Note: 8/10

Créée

le 10 juil. 2014

Modifiée

le 10 mai 2013

Critique lue 2.2K fois

48 j'aime

14 commentaires

Critique lue 2.2K fois

48
14

D'autres avis sur Le Roi de cœur

Le Roi de cœur
OrangeApple
9

Back to the garden

J’ai donné mon cœur à ce Roi. Et j’ai été estomaqué. Parce que je m’y attendais vraiment pas. Le Roi de Cœur est un film français, pas le pays de la folie douce si on excepte Drôle de drame, signé...

le 25 juil. 2017

15 j'aime

3

Le Roi de cœur
PierreAmoFFsevrageSC
7

Toquémon GO! Une histoire de fous. Magical Village Tour.

_"En cette période trouble, sombre, à l'heure où notre monde semble aller droit dans le mur, où l'humanité tend vers une folie aveugle, se détruisant à petit feu, où les individus perdent toute...

le 10 juil. 2022

14 j'aime

18

Le Roi de cœur
AMCHI
6

Critique de Le Roi de cœur par AMCHI

Une idée originale pour un film plutôt décevant malgré sa belle histoire, le film a une ambiance très gaie et il comporte de belles scènes mais le problème c'est que les acteurs ont plus l'air de...

le 9 août 2017

12 j'aime

4

Du même critique

Amadeus
Grard-Rocher
9

Critique de Amadeus par Gérard Rocher La Fête de l'Art

"Pardonne Mozart, pardonne à ton assassin!" C'est le cri de désespoir d'un vieil homme usé et rongé par le remords qui retentit, une triste nuit de novembre 1823 à Venise. Ce vieil homme est Antonio...

179 j'aime

68

Mulholland Drive
Grard-Rocher
9

Critique de Mulholland Drive par Gérard Rocher La Fête de l'Art

En pleine nuit sur la petite route de Mulholland Drive, située en surplomb de Los Angeles, un accident de la circulation se produit. La survivante, Rita, est une femme séduisante qui parvient à...

172 j'aime

37

Pierrot le Fou
Grard-Rocher
9

Critique de Pierrot le Fou par Gérard Rocher La Fête de l'Art

Ferdinand Griffon est entré malgré lui dans le milieu bourgeois par son épouse avec laquelle il vit sans grand enthousiasme. Sa vie brusquement bascule lorsqu'il rencontre au cours d'une réception...

160 j'aime

47