"Le Roi et Moi" est surtout un musical célèbre de Rodgers & Hammerstein - ce qui nous vaut dans le film une interminable succession de moments musicaux aux qualités pour le moins variables -, et pèche terriblement dans sa construction scénaristique, qui abandonne curieusement la plupart des fils qu'il a tissés (les menaces politiques sur le Siam, la love story coupable de la toute nouvelle femme du roi), qui néglige de s'intéresser à des personnages-clé aux dépends de toute vraisemblance, et qui s'en rapporte aux conventions les plus éculées du mélodrame pour nous tirer des larmes à la fin (le Roi meurt, sans qu'on comprenne bien ni de quoi, ni pourquoi). C'est sans doute que Walter Lang fait trop confiance à la musique et aux fastes grandioses du Cinémascope, mais son film est sauvé in extremis de la débâcle totale par un Yul Brynner bondissant et pétillant de vie, dont chaque apparition est un régal.
[Critique écrite en 2005]