Dès le début de la promo du Roi Lion, fans (et non-fans) se sont focalisés sur la copie visuelle, plan par plan, du film. S'il n'y avait que cela, ce serait un moindre mal. Car tout en copiant les plans principaux du film, Jon Favreau a laissé de côté une bonne partie de ce qui faisait le sel du film : la richesse des personnages.
En vrac, Scar perd toute sa fourberie et se montre ouvertement hostile à Simba et Mufasa dès le début. Il devient un méchant comme un autre. Le lionceau Simba perd une bonne partie de son espièglerie - mais peut-être est-ce lié à la difficulté de donner une expressivité à des animaux si réalistes, autre gros point noir du film. Zazu, victime facile d'à-peu-près tout le monde (c'était cruel mais amusant) perd une bonne moitié de ses répliques. Les hyènes sont les plus grandes perdantes de ce nouveau rôle : la relation qu'elles entretiennent avec Scar est vidée de sa substance, et surtout elles ne sont plus drôles. Plus du tout.
Résultat, une bonne partie de ces répliques cultes passe à la trappe (attention spoiler) :
"Pardonne-moi de ne pas trépigner de bonheur, problème de lumbago"
"Bec de banane est terrifié ?"
"On m'appelle MONSIEUR porc"
"Pas la cocotte-moineau !"
On peut ajouter à cela la disparition de toute la magie du film : Je voudrais déjà être roi est visuellement charcutée, Soyez prêtes est musicalement réduite à sa portion la plus congrue. Là où la version scénique de Julie Taymor (qui figure au générique du film comme productrice exécutive) apportait une couche de magie supplémentaire en donnant vie aux animaux sur scène, le film de Jon Favreau retire tout cela en faisant du Roi Lion un roman d'initiation toujours aussi fort, mais moins magique, moins fort, moins fédérateur.
Et pourtant, ça marche. On ne s'ennuie pas. On s'amuse même quand Timon et Pumbaa font leur entrée. A partir de là, le film cherche de nouvelles pistes, de nouvelles répliques ciselées, et trouve un nouveau souffle.
De nouveaux personnages secondaires font leur apparition, et la version rallongée de "Le lion s'endort ce soir" est un plaisir. De nouveaux enjeux entre Sarabi et Scar se mettent en place.
Quelques gags meta font franchement rire le public. On a l'impression d'entrer dans un tout nouveau film...
C'est très plaisant, en un sens. Mais : c'est dommage qu'il faille près d'une heure pour en venir là.
Un film moins bon que sa version de 25 ans plus vieille, pendant lequel on ne s'ennuie pourtant pas, c'est peut-être là tout le génie de Disney... à moins qu'il s'agisse purement de génie commercial.