Aidan Bloom, le personnage ici interprété par Zach Braff, semble être un cousin germain d'Andrew, celui que la star de "Scrubs" jouait dans "Garden State" : acteur dont la carrière a beaucoup beaucoup de mal à décoller - et c'est un euphémisme-, cet adolescent attardé et rêveur à l'attitude désinvolte doit se rapprocher de sa famille et affronter la réalité qu'il ne cesse de fuir lorsque son père, atteint d'un cancer, lui annonce qu'il n'a plus que quelques jours à vivre... A savoir que dans son précédent film, c'était la mère du protagoniste principal qui passait l'arme à gauche. Bref, Braff se braque sur ce type de personnage, et semble ne pas s'être trop creusé la tête pour composer celui d'Aidan Bloom, vulgaire simili de celui qu'il avait déjà pondu il y a 10 ans. Il l'a juste fait vieillir (vu que lui aussi a vieilli) et l'a affublé d'une famille, femme, fils et fille, que l'autre n'avait pas. Si l'acteur-réalisateur n'est ni marié ni père dans la "vraie vie", nul doute qu'en couple et à bientôt 40 ans, il doit certainement y songer. Braff se pose aussi des questions existentielles, s'offre une introspection sur le fait de vieillir, sur ses rêves, ses choix, ses racines aussi via son rapport à la religion juive... Je vous le disais à l'instant, malgré sa gueule d'ado, la quarantaine le guette.

Vous l'aurez compris, pas grand chose de neuf à se mettre sous la dent dans ce second opus. Il n'y a donc plus vraiment la surprise et l'originalité qui animaient le premier jet de Braff, qui lui donnaient ce souffle de comédie dramatique cuisinée à la sauce indé américaine, plat typiquement sundancien dont on raffole souvent. Pour cet acteur raté, le rôle de sa vie, et on le comprend sans se forcer, c'est celui qu'il s'est longtemps refusé à jouer, celui de père, de fils, de frère et de mari. Pas très original... Reste que les fans apprécieront sûrement plusieurs phases de ce film, du reste plutôt bien écrit et pas mal réalisé du tout. Leur idole de "Scrubs" soigne sa mise en scène, et s'offre souvent un show où il multiplie les vannes et les punchlines. Si certaines tombent complètement à plat, d'autres marchent du tonnerre. En général c'est drôle et bien senti, et quelques passages se révèlent véritablement tendres et touchants. Mais Braff, sur de lui, ne fait jamais dans la demi-mesure et, si il ne se vautre pas dans la surenchère, c'est de justesse car il est souvent sur le fil, pas loin d'en tomber. Pour preuve, le nombre de scènes que l'on nommera "Mastercard". Oui, vous savez bien, ces scènes filmées au ralenti, avec une douce musique pop bien accrocheuse, une voix-off qui déclame un texte beau et fort, des sourires sur les visages des personnages, des larmes dans leurs yeux... Ces scènes où il ne manque à la fin plus qu'une voix chaude et sirupeuse prononçant : "ça n'a pas de prix, et pour le reste il y a Mastercard"... Et bien l'on peut dire que si l'ami Braff-la-main-lourde avait des actions pour ce genre de séquences, il aurait fait fortune rien que sur cette seconde réalisation.

Qu'on se le dise, "Le Rôle de ma Vie" n'est pas un mauvais film. C'est même un agréable divertissement. Petit problème, il ne dépasse cependant jamais ce stade-là alors que l'on pouvait vraiment en attendre plus. Il est imparfait, parfois balourd, parfois surligné, il est bien trop copié/collé sur le très réussi "Garden State", on peut même le trouver un tantinet trop long (à ce propos, amputé de 10-15 minutes, il aurait grandement gagné en efficacité). Mais il en émane pas mal de chaleur, une espace de sincérité. On rit souvent, et le parcours initiatique de ce père de famille qui n'arrive ni à grandir, ni à séduire son bourru de père mourant, ni à se rabibocher avec son geek de frère, ni à abandonner son rêve qui met pourtant les siens dans la panade, n'a rien de bien nouveau mais il est attachant. On sent à plein nez que Braff et son équipe ont pris un réel plaisir à jouer ensemble et à tourner ce film, produit de manière totalement indépendante (et cela avec l'apport des internautes via le crowdfunding). Mention spéciale aux seconds rôles, très bons, notamment les deux rejetons du héros, joués par Pierce Gagnon et l'excellente Joey King. Si le résultat est mitigé, "Le Rôle de ma Vie" arrachera sans trop de soucis quelques sourires, et peut-être même quelques larmes. Surtout, il confirme le vrai talent d'auteur d'un acteur venu du monde des sitcoms. Et ça franchement, c'était loin d'être gagné.

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JeanVacances
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le 20 juil. 2014

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