Longtemps j’ai ignoré qu’Enid Blyton était une femme. Il faut dire que ce prénom ne m’évoquait rien d’autre que mes livres de la bibliothèque rose, sans doute d’ailleurs les premiers "vrais" livres qu’on a pu m’offrir. Jojo Lapin et Oui Oui ont accompagné mes années d’apprentissage, à la différence du club des cinq dont je n’ai jamais testé les aventures.
Je trouvais quand même ce nom d’Enid Blyton aussi farfelu et fascinant que l’univers de ses livres, et j’y voyais comme une marque de fabrique, la promesse de trouver un univers fantaisiste entre les pages.
Je suis certaine qu’il existe quelque part une étude sur l’incidence de nos prénoms et noms sur notre caractère.
Porter un prénom peu courant, qu’on est obligé d’épeler systématiquement, ou dont on doit expliquer l’origine n’est pas la même chose que si on porte le prénom le plus courant de sa génération.
Je n’ai aucune idée du nombre d’Enid qui peuvent ou on pu exister en Angleterre, mais en supposant que ce ne soit pas un prénom courant, alors ça fait partie de l’excentricité du personnage.
Qui mieux qu’Helena Boman Carter pouvait incarner un être atypique et fantaisiste?
Et bien curieusement, et contrairement à ce à quoi on pouvait s’attendre, Enid Blyton était quelqu'un de singulier mais pas tout à fait aussi agréable et enjouée qu'on aurait pu l'imaginer, et se révèle être un petit tyran à sa façon.
Elle est dépeinte ici comme quelqu’un d’instable: capable de s’amuser devant ses propres écrits mais pas avec ses filles, orchestrant ses rendez-vous avec ses lecteurs comme des programmes de publicité, supervisant les prises de photo, soucieuse de sa réputation.
Bref Enid, c’est une machine taillée pour la gagne, une championne de la communication
.
A côté de ça, c’est une personne difficile, et une fois de plus on se dit que vivre avec un artiste qui se perd dans son art n’est pas une sinécure.