Dans la plupart des films, il y a des gentils et des méchants. Moi j'aime bien quand il y a des gentils et des méchants. On peut choisir son camp facilement, s'émouvoir rapidement, et avoir le plaisir de voir (le plus souvent) les gentils gagner à la fin, offrant la satisfaction d'être du bon coté. Parfois cette frontière est floue, ou du moins le scénario et la réalisation font en sorte qu'elle le soit et qu'on hésite, ou qu'on s'attache aux méchants, mais globalement on sait de quel coté on est.
Et puis il y a ce film. Pas de gentils, pas de méchants. Juste des êtres humains qui vivent et tentent de faire ce qui leur semble le mieux à un instant T. Parce que dans la vie il n'y a pas de scénario, pas de triche, pas de mode d'emploi quand on est face à un choix. Choix qui n'est en lui même ni bon ni mauvais, mais qui aura bien sur des conséquences. Et selon le point de vue adopté, ces conséquences seront bonnes ou mauvaises. C'est là toute l’ambiguïté du film, et ce qui fait la force de cette histoire : une mère se retrouve à faire des choix, pour elle, pour son enfant. Des choix qui vont forcément faire mal à quelqu'un, parce que c'est quasi impossible de ne blesser personne.
Et à nous, spectateur, de subir, comme le personnage central de ce récit, ces choix. Pas les choix d'un scénariste qui veut émouvoir, faire pleurer dans les chaumières (ou les salles de cinéma), mais celui des personnages, qui existent vraiment sur l'écran, et de leur histoire, belle, triste, bouleversante, injuste, drôle, tendre...
Et c'est là toute la "magie" de cette écriture, que de donner l'impression que ce sont les personnages qui avancent et qui disent quoi écrire au scénariste, et non l'inverse. En découle un sentiment de réalisme et d’immersion qui perso m'ont beaucoup touché, et une émotion vraie, sans pathos, sans mise en scène, simplement parce qu'on éprouve de l'empathie pour cette histoire qu'on aurait probablement plus appréciée si elle s'était passée autrement, mais, hé, on choisit pas toujours... c'est la vie.