"Tu sais bien que je t'aime, miaou, miaou"

En amoureux inconditionnel de ce que je considère comme la véritable Fantasy, il aurait été mal vu que je n'aborde pas ce qui a marqué, voire fondé si on excepte les fables de Ésope, la Fantasy Animalière : Le Roman de Renart (avec un "t"). Récits médiévaux (et français ; cocorico !) mettant en scène le personnage de Renart, un renard anthropomorphisé qui donne pas mal de fil à retordre aux habitants d'un royaume animalier. Et si il aurait encore plus spectaculaire que j'aborde en premier lieu les textes, je dois avouer ne pas les avoir entièrement lu et vais donc aujourd'hui parler d'une des adaptations cinématographiques de cette œuvre : Le Roman de Renard (cette fois-ci avec un "d" ; pourquoi, aucune idée). Réalisé par Ladislas et Irène Starewitch (père-fille) dans les années 30, ce film a l'astucieuse audace de présenter une adaptation jouée par des marionnettes. Fantasy Animalière, marionnettes : les ingrédients sont réunis pour me faire saliver et qu'obtient-on à l'arrivée ?

Ce film se concentre sur quelques aventures, parmi les plus célèbres de Renart. Un personnage sournois, intelligent et prêt à tout pour arriver à ces fins. Mais ces agissements, qui déplaisent aux autres animaux du royaume, viennent jusqu'aux oreilles du roi.
Pas plus de spoil !

Ainsi, et cela a été soulevé partiellement dans le résumé ci-dessus, on nous propose, pour une durée de 65 minutes, un assez court éventail des aventures de Renart mais que voulez-vous, il faut bien faire des choix. Néanmoins, pour ceux qui sont familiers à l'univers des textes médiévaux, on se retrouve avec les séquences les plus célèbres et les plus mémorables, le tout assez simplifié afin, je suppose, d'être apprécié par le plus grand nombre ; les textes d'origines n'étant pas forcément de mœurs agréables à la lecture. Et l'ensemble est plutôt bien transmis, prenant pour une bonne partie du film la forme d'un plaidoyer de l'avocat de Renart, offrant à chaque fois la version des victimes des affronts du renard et la version falsifié de l'ami juriste.
De par sa courte durée, on est facilement transporter par le récit, sans ressentir un quelconque ennui vis-à-vis de ce que l'on voit à l'écran. Une tonalité plutôt bon enfant qui ne peut cacher cependant quelques coquilles, notamment sur la fin du film qui semble perdre un peu de son souffle léger par la présentation de faits plus épiques ou également un peu plus brouillon où il ne sera pas rare de constater la présence répétée de plusieurs scènes pour remplir le temps d'écran qu'il reste. Précisons également que la première petite histoire du renard, si sa présence peut être saluée, n'a absolument rien à voir avec ledit Roman de Renart - mais l'histoire n'est pas inconnue des spectateurs, loin de là. Sa présence est donc appréciable, est-elle seulement nécessaire ?
Mais dans l'ensemble, l'histoire est bien rythmée, bien dosée et possède une évolution fort plaisante, non avare en rebondissement.

Pour ce qui est des personnages, nous avons un panel agréable et varié de protagonistes. Chacun possède des caractères différents et des mimiques qui leur sont propres. Chaque personnage, dès lors qu'il apparaît, est mis en avant et rendu plus que vivant par de petites scènes sympathiques, non dénuées d'humour, qui saura captiver les plus petits d'entre nous mais également les plus grands par leur subtilité de langage. Un ensemble haut en couleur de personnages plutôt attachant gravitant autour d'un Renart appréciable malgré ses séries de crime.
Une mention spéciale pour le ménestrel chat et sa chanson assez amusante.

Une des véritables forces de ce film est bien évidemment, à l'image de Dark Crystal (référence incontestable dans ce domaine), l'utilisation de marionnettes de très bonne facture, détaillées et agilement articulées, offrant quelques scènes que l'on pourrait croire des plus surprenants pour l'époque comme les scènes de courses-poursuites. Une animation de qualité qui rejoint ce que l'on pourrait dire sur les décors : agréables, surprenants et surtout beaux.

Si nous possédons quelques scènes d'affrontements, ce n'est clairement pas ce qui fait vivre le film mais soulignons tout de même qu'ils demeurent fluides à l'image de l'animation globale des personnages.

Pour ce qui est des musiques, nous entendons quelques notes sympathiques et une sérénade mythique (mais qui peut vite exaspérer les moins patients d'entre nous).

Le Roman de Renard, et je ne comprends vraiment pas pourquoi Renar"d", est un film des plus agréables et, pour l'heure - c'est un peu hypocrite de dire cela alors que je n'ai vu qu'un seul film - une adaptation plus que satisfaisante même si on aurait préféré un peu plus. Une excellente création pour faire naître chez les plus jeunes un intérêt pour les récits médiévaux ou les fables de Ésope ou de La Fontaine.
Et n'oubliez pas : la Fantasy nous appartient !