Une petite bande annonce sur Paris Première m’a donné envie de voir ce film qui ne m’avait jusque là jamais attiré. Elle promettait un changement psychologique et comportemental, sur un scénario de Marcel Pagnol. Aussitôt, je songeai à son Topaze. Est-ce une resucée de la pièce? Comment Pagnol traite-t-il ce sujet ? Pourquoi une telle obsession chez l’auteur (le film avec Fernandel sortira un an après Le rosier de Mme Husson)?


En fait, bien que les deux oeuvres soient effectivement à peu près sur le même schéma, ce Rosier de Mme Husson est beaucoup moins axé sur le cynisme morale du monde urbain, sur l’hypocrisie politique et morale de l’élite bourgeoise.


Au contraire, on baigne ici dans le monde rural et le film se moque ouvertement des vieilles rombières coincées du bled qui cherchent en vain des jeunes filles pures. Toutes les paysannes sont plus ou moins délurées, plus que moins. Sans qu’il en soit fait l’éloge, on sent pourtant que l’idée d’une campagne plus proche de la nature (et donc moins figée par la société ou les préceptes moraux sur la sexualité) reste prépondérante chez Pagnol. C’est un cliché très répandu et très tôt dans l’histoire des mentalités françaises qui est relayé ici, pour faire un jeu comique qui s’est développé au moment de l’exode rural, et alors qu’une nostalgie du temps d’Ancien Régime a été largement reprise, et ce, pas uniquement dans les milieux conservateurs. On peut parler de ritournelle nationale que Guy de Maupassant a bien sûr voulu moquer. Aujourd’hui, il est bien évident que cela apparaît un peu vieillot.


Gentil mais frêle, le scénario est porté par le personnage incarné par Bourvil. C’est un rôle qu’il connaît par cœur et qui a fait sa prime fortune auprès du public, celui d’un aimable benêt, jouet des malices et saloperies de la société mais qui prend toujours le dessus à la fin, rôle éternel qui le poursuivra jusqu’au Corniaud et à La grande vadrouille à vrai dire. À cette époque, il est encore jeune et les productions se suivent et se ressemblent. Le rôle lui colle à la peau.


Peut-être est-il un peu mieux loti avec une mise en scène qui met en valeur quelques autres personnages pittoresques, je pense notamment à Pauline Carton, sa mère, ou Georges Baconnet, son maire, mais c’est à peu près tout.


Jacqueline Pagnol n’a pas un rôle bien défini, entre garce et victime de viol, elle a des difficultés à embrasser un personnage cohérent. Mais pas sûr que ce soit de sa faute.


Le film est étrange. J’ai eu du mal à en saisir les véritables enjeux, l’ambition du scénario. A la fin du film, je reste perplexe vis à vis de l’évolution du personnage principal. Je me rends compte que sa transformation, son éclosion prometteuse n’a pas répondu à mon attente de mordant. C’est une fin assez convenue et plate. Le manque de relief du film me laisse sur ma faim.
Mini trombi

Alligator
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le 28 août 2018

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Alligator

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