Je connais plutôt mal le genre du chambara, mais alors ce film là c'était une petite claque. Visuellement sublime, avec une photographie jouant avec les clairs obscurs et surtout une composition des plans à toute épreuve. C'est clairement l'un des plus beau noir et blanc que j'ai pu voir. Rien que pour ça le film doit être vu.
Mais le film ne se limite pas à une beauté formelle, le scénario est vraiment très bien écrit. On suit l'antihéros par excellence dont dès la séquence d'introduction on voit qu'il tue sans aucune raison, qu'il ne tient pas ses promesses, qui viole... bref un type très sympathique, et en faire le personnage principal m'a complètement pris à contre-pied par rapport à mes attentes sur le film. Il n'a aucune morale, ne semble plus croire en rien et est juste guidé par son âme perverse.
Et là où c'est finement écrit c'est que son histoire va être liée avec intelligence à celle d'autres personnages. On le suit, il combat un apprenti dans un dojo, on va voir son histoire, puis celle d'une fille qu'il rencontre, avant de retomber sur nos pattes et se rendre compte que le monde est bien petit.
Disons qu'avec ce procédé on n'a jamais l'impression de passer du coq à l'âne, tout suit une continuité logique et ça sert le propos du film puisqu'au fur et à mesure de ses actions notre antihéros semble accumuler les rancunes et sombrer de plus en plus dans la folie jusqu'au final, pour le moins sanglant.
J'aime cette gradation (ou plutôt cette dégradation mentale) dans l'attitude du personnage principal tandis qu'à côté on a un jeune premier, frère du type qu'il a tué au début qui tente absolument de rester vertueux et qui veut sa vengeance.
Bien que frustrante la fin, arrive à nous offrir un magnifique pied de nez en ne répondant pas du tout à nos attentes vis à vis du duel entre le personnage principal, vicié, pervers et le frère qui a soif de vengeance qui s'est rudement entraîné. Le film a cette manière de systématiquement nous surprendre dans sa construction, de proposer autre chose que ce qui était attendu et ça s'avère payant parce que ça ne sera pas juste un autre film comme il en existe tant d'autres... Il est marquant.
Pour parfaire le tableau je dois dire que les combats au sabre sont vraiment bon, on en a un en plan séquence au début du film où le héros liquide tout le monde au fur et à mesure qui empeste la classe.s
Je passe sur le discours sur la fin du shogunat, car n'étant pas particulièrement connaisseur de la culture nippone je n'ai pas nécessairement compris s'il y avait là un message à voir en plus, à part que c'était la fin d'une époque où les héros ont deux choix, le nihilisme ou tenter d'en respecter la grandeur...