Une bonne vieille histoire d'héros solitaires face à une horde de méchants comme le cinéma les aime, ça fait toujours du bien, surtout lorsque c'est aussi bien mis en scène, par Chu Yuan, que Le Sabre Infernal.
Ici il est surtout question de deux experts en art-martiaux qui devront protéger une arme terrifiante d'un mystérieux et dangereux seigneur de clan qui souhaite s'en emparer. La force de l'oeuvre ne se trouve pas dans son histoire, où ici chacun cherchera à avoir la possession de l'arme, mais bien dans les personnages et surtout l'ambiance et les scènes de combats. Chu Yuan ne propose aucun temps mort et nous immerge dans son oeuvre dès les premières secondes, pour finalement ne jamais reposer le spectateur, et utilisant bien une narration faite sous forme d'enquête.
Chaque mètre de pellicule ou presque est symbole d'une tension qui s'accentue plus on avance dans le récit, tandis que Chu Yuan dépasse le simple cadre du film de Wu Xia Pian et lorgne aussi vers le western et le polar. Tout est parfaitement maîtrisé et ficelé, c'est efficace, la mise en scène est bien travaillée et on est plongée au cœur d'une ambiance oscillant entre nocturne, mystérieuse ou encoroe dangereuse, ponctuée par de nombreuses séquences mémorables voire magistrales, à l'image du duel initial.
On note aussi une remarquable reconstitution, on est pleinement immergé dans les décors studios de la Shaw Brothers qui sont en plus sublimés par la jolie photographie. Les chorégraphies de Tang Chia sont tout simplement splendides avec des combats incessants et tout en maîtrise, tandis qu'il démontre une vraie science de la gestion des espaces, sachant créer une menace constante planant sur les héros. Les acteurs se montrent à la hauteur, et notamment Ti Lung avec une vraie dégaine vagabond et rappelant parfois l'homme sans nom de la trilogie du Dollars de Leone.
Chu Yuan propose avec Le Sabre Infernal une oeuvre remarquable, tout le long prenante, avec une vraie science du rythme, de l'action ou encore du montage et dont les fantastiques chorégraphies n'ont pas finit de hanter les esprits.