Le Sacre d'Edouard VII est une preuve de la célébrité de Méliès en ce début de XXème siècle. Certes, il n'a pas l'autorisation de filmer le véritable sacre (pour des raisons logistiques et morales évidentes) mais on lui demande de faire cette copie, ou plutôt cette idée de ce que sera le sacre quelques temps plus tard.
La fidélité est telle que certains journaux se laissent prendre au piège tandis que le roi félicite lui-même félicite Georges Méliès. On notera surtout qu'il s'agit ici d'une preuve de la renommé internationale de Méliès, qui reçoit quand même une demande de la couronne britannique.
Pour autant, il s'agit véritablement d'une reconstruction de la part de Méliès, son talent de réalisateur, de metteur en scène permet d'avoir un résultat proche de la réalité mais on n'a nullement le travail d'un Méliès créatif. Le Sacre d'Edouard VII est donc avant tout un documentaire historique et non cinématographique. Même l'histoire du cinéma n'a pas grand chose à en tirer.
Soulignons, cependant, deux points :
Premièrement, que ce genre de "réalisation" où l'on copie la réalité, où on crée, en sommes, un documentaire, est beaucoup plus proche du travail des frères Lumières, que de Méliès même, bien connu pour avoir été un des premiers (le premier ?!) a voir l'aspect créateur de cet art. Et si Méliès a souvent utilisé le cinéma comme outil pour la magie, très tôt il a aussi su y voir un moyen très particulier pour raconter des histoires et donner, de ce fait, une certaine indépendance à ce média.
Deuxièmement, beaucoup de personnes critiquent le plan séquence de Méliès, en notant qu'on a simplement une caméra fixe, sans aucun intérêt de ce fait. Cependant, il faut se rappeler que c'est comme ça que filment tous les appareil de cette époque : fixement. La différence est que Méliès réalise déjà des court métrages avec plusieurs tableaux, plusieurs scènes, et donc on a un changement de décors, mais dans la position de la caméra et dans son angle de vue, son cadrage, on retrouve toujours cette manière de faire, très figée. Il n'y a donc pas à s'étonner de cela. Et vu que recréer une cathédrale entière était impossible, Méliès a du se limiter à ne faire qu'un seul tableau pour ce court métrage.
Le Sacre d'Edouard VII a beau avoir été réalisé par Méliès, il ne faudrait pas se mettre à penser que ça a, pour autant, la patte du maître.