Le Sadique Aux Dents Rouges sorti en 1971 est le second film du réalisateur belge Jean-Louis Van Belle après le sympathique mondo Paris Interdit datant de 1970. Si l'accroche de l'affiche nous vante Un film de Sex-Horror on constatera à la vue du résultat qu'en cinq mots cette phrase contient pas loin de trois mensonges. Bien peu de sexe, très peu d'horreur et au final à peine un film voilà qui résumerait de façon plus honnête Le Sadique Aux Dents Rouges, un nanar expérimental à faire enfermer en asile quiconque se grillerait le cortex à tenter de le comprendre.
Le film nous raconte l'histoire de Daniel un type qui sort de l'hôpital psychiatrique après un accident de moto. Alors oui on ne soigne pas les accidentés de la route en psychiatrie sauf que visiblement depuis qu'il fait de la moto sans casque Daniel est persuadé qu'il est un vampire. Et si son médecin le laisse finalement sortir ce n'est pas parce qu'il est totalement guéri mais parce qu'il est une sorte de gourou sataniste aux très sombres plans qui souhaite observer le comportement vampirique de Daniel au quotidien et provoquer la venue du diable sur terre…
Si l'on entrevoit vaguement les grandes lignes du scenario il ne faudra pas s'aventurer à tenter de comprendre les motivations des différents protagonistes et encore moins la cohérence de leurs actions. D'ailleurs il est préférable d'écarter toute notion de logique de son analyse pour se laisser porter par cette étrange histoire dadaïste sans queue ni tête mais avec moult dentiers en plastique. Pourquoi ce médecin, chirurgien, sataniste et occasionnellement dentiste accompagné d'un sbire plein de tics faciaux (regarder le comédien en second plan être agiter de tics nerveux est un petit régal en soit) libèrent ils Daniel pour ensuite collaborer à son arrestation ? C'est l'une des nombreuses questions qui viendront émailler un récit plein de trous et de personnages rocambolesques comme ce dompteur de fauve engagé pour capturer la bête aux dents rouges, ce flic bien peu perspicace qui libère Daniel après qu'il ai voulu étrangler une spectatrice de cinéma, ce psychanalyste hypnotiseur qui fait des prédictions satanistes ou le meilleur journaliste parisien du Parisien Libéré. Le Sadique Aux Dents Rouges s'appuie donc sur un récit imbuvable et incompréhensible dans lequel s'agitent mollement des acteurs et actrices tous plus mauvais les uns que les autres ; la direction d'acteurs n'ayant visiblement jamais réussi à régler un minimum le curseur entre le trop de ceux qui en font des caisses et le pas assez de ceux qui débitent leur texte comme leur liste de courses. Niveau dialogue, du moins lorsqu'ils sont audibles vu que sur certaine scène on a la sensation que le perchman était en pause déjeuner, on navigue entre inepties, banalités et fulgurances métaphasiques sur la vie, l'amour et les poules. Ainsi lorsque Daniel remarque une poule qui le regarde de travers il part dans une réflexion existentielle sur la différence entre la poule et le poulet ce qui donne : " Regarde son œil plein de haine – Sa crête rouge – Il n y a rien de plus cruel qu'une poule, qu'un poulet – Le poulet nous regarde, je le tuerai (métaphore du flic qui le suit) " . Ensuite il ira chercher un vendeur pour lui dire qu'il souhaite acheter un flic, donc un poulet (vous suivez ? ), avant de demander si il peu emmener son poulet main dans la main avec une paire de menottes. Si vous ne comprenez rien c'est normal mais sachez qu'une fois chez lui Daniel décapitera le poulet se barbouillera de son sang pour finir par cette réflexion pleine de profondeur : " C'est terrible la poule est morte - Une poule qui se suicide chez moi, si la police trouve le corps ils vont m'accuser " .
Techniquement le film est absolument catastrophique et la copie dégueulasse qui baigne dans son jus d'époque est loin de rendre l'ensemble plus attrayant . Volonté du réalisateur ou usure du temps, la colorimétrie de l'images est pour le moins étrange avec notamment des visages qui semblent être parfois carrément peints en bleu ciel. Quant au savant montage d'images flous et cadrées à l'arrache il faudrait inventer un nouveau mot tant on est entre l'ellipse et l'épilepsie, une sorte de montage épilépsitique quoi !! Mais à l'évidence Jean-Louis Van Belle tente tout de même des choses tant visuelles que narratives avec images en négatif, séquences filmés à travers des miroirs déformants et divers reflets, visions étranges de gosses avec des dentiers de vampires ridicules ou carrément une séquence diffusé à l'envers avec le comédien qui marche dans le bon sens alors que s'est lui qui a été filmer au départ à l'envers du mouvement dominant (mine de rien c'est un procédé que reprendra David Lynch pour Twin Peaks). Le Sadique Aux Dents Rouges ressemble donc à un mauvais trip expérimental bourré de scènes surréalistes d'étrangeté comme lorsque le héros mort une vendeuse de farce et attrapes après avoir mis le dentier en plastique le plus ridicule de toute l'histoire des vampires au cinéma, on a l'impression qu'il a quatre ratiches de lapin qui lui sortent de la bouche. On notera toutefois que ce bon Jean-Louis Van Belle invente quand même le concept du téléphone mobile puisque nos deux médecins satanistes reçoivent tranquilles des appels sur le téléphone fixe qu'ils trimballent en pleine rue.
Alors oui c'est nase mais on a quand même envie de dire merci au film de nous avoir sensibiliser sur le danger que représente les poules et les vampires avec des dents de lapins qui n’auraient pas suffisamment ronger de carottes. Et puis merci à Jean Louis Van Belle qui un an plus tard réalisera l'improbable La Guerre Des Espions, prouvant pour mon plus grand plaisir que tous les fous ne sont pas en camisoles
Ma Note Nanar : 07/10