Tout le monde a une histoire.
Cet été, je m'étais fais le plein de DVD à petit prix. Dans le tas de films il y avait « Le Saint de Manhattan », un titre qui me disait rien du tout, aucune idée de ce que ça pouvait être qualitativement parlant. Bref, j'en avais jamais entendu parlé. Mais comme le nom sonnait bien, que le pitch à l'arrière m'intriguait pas mal, et qu'il y avait "Danny Glover" écrit en gros sur la boîte, mon choix a été vite fait...
Attends, j'ai bien dit "cet été" ? Ce n'est que maintenant que j'en parle ? Arf... disons que j'attends souvent le meilleur moment. L'envie s'est installée petit à petit, et voilà, son tour est arrivé ce soir (surtout par élimination, parce que je ne voulais pas me lancer dans un truc de plus de deux heures de durée).
Sous son habit de mélodrame chialant et poussif, le long-métrage de Tim Hunter est en réalité ce genre de perle plus méconnue que ce qu'elle devrait être. L'apparence des images montrées a pris un peu de l'âge, mais la teneur est inchangée. L'univers des sans-abris et la manière dont ils sont montrés est toujours d'actualité, alors je ne suis pas expert en matière de SDF, mais les personnages que sont Jerry et Matthew sont formidablement incarnés et joués. C'est eux qui permettent au film de faire oublier leur situation, leur amitié déborde tellement de sincérité, ils illustrent superbement cette idée qu'on peut continuer de rêver même en étant plus bas que terre, même en étant dégager à coups de bottes de son foyer.
Subitement, je repense à quelques scènes anodines telles que le plan sur la peluche dans un décor de pluies. Ou encore les échanges verbaux quand nos amis "clochards", comme certains les appellent, nettoient les vitres des voitures passantes et qu'ils se mettent à parler avec les conducteurs, des nantis pour quelques uns d'entre eux, et on cerne rapidement leur caractère, leur façon de se comporter.
Je déteste quand on vend un film comme "inattaquable", qu'on ne peut rien lui reprocher pour des raisons qui incombent aux spectateurs, qu'on lui fait acquérir un statut de sacrosaint. L'oeuvre d'Hunter, elle, est aussi simple que profonde, faisant planer parfois le surréalisme. J'y ai mis toute la bonne volonté du monde et je me suis laissé emporter par les bruits de la jungle qu'est la ville de Manhattan.
L'ironie dans tout ça, si je puis dire, c'est que le film m'a coûté quasiment que dalle. Quelques pièces à peine. Et étant donné les thèmes qu'il aborde, ce qu'il libère en humilité et en valeurs, ça m'a presque paru "lié". Vous savez, c'est comme dans ces aventures fantastiques où un jeune garçon trouve un livre ancien plein de poussières au fond d'une biblio dont personne ne veut, et il s'avère que ce livre détient des pouvoirs magiques et des connaissances enfouies pour quiconque s'y attardera.