Le Sang des bêtes par shanghai

Bon, c'est clair qu'après avoir vu ce court métrage, je ne regarderai plus mon steak de la même manière...

Les images sont d'une froideur terrifiante. Réalisons, par ailleurs, qu'elles sont en noir et blanc et que cela relève d'un choix de Franju ! Le même en couleur aurait frisé l'insupportable dont il n'est pourtant déjà pas très éloigné.

J'ai bizarrement de la compassion pour tous ces hommes (et cette femme) gauloise au bec. C'est leur gagne pain, ils le font, froidement, efficacement, professionnellement. Ils me font penser aux égoutiers et autre nettoyeurs de fosses septiques qui font un boulot que personne d'autre ne veut faire, mais qui pourtant fait partie du pacte social.

N'oublions pas non plus que le film est réalisé en 1948, trois ans après la fin de la seconde guerre mondiale qui a déployé tant d'horreurs avec les humains comme victimes cette foi. Bon nombre des 'bourreaux' présents dans le film ont sans doute fait la guerre, et vraisemblablement en ont vu d'autres. On peut d'ailleurs légitimement se poser la question si finalement la question n'est l'inhumanité de l'humain aussi bien dans la guerre que dans la paix.

Sens Critique n'est pas le lieu pour entamer le débat sur le bien fondé ou non de manger de la viande, et d'ailleurs, le film n'est pas moralisateur, il est juste factuel. Au spectateur de se faire son idée.

Sur un plan technique, la photo est sublime, le montage équilibré, les voix offs subtilement décalées. La durée, courte, est également parfaite car amplement suffisante pour développer le propos. Plus serait trop.

Je pense que la vision de ce film en groupe peut être une excellente entrée en matière à une soirée emplie de discussions. Mais attention, cela pourrait très vite finir en pugilat si les débatteurs ne savent pas garder un peu de distance sur un tel sujet.