Il y a des films comme ça, méconnus du grand public, boudés par les éditeurs à tel point qu’ils sont disponibles chez nous uniquement en VHS, possédant des qualités indéniables et devenus même cultes au fil des années chez une poignée de fans de cinéma. C’est l’incompréhension la plus totale. Et parmi eux, ils y a Le Sang des Héros. Problème de droits ? Plus aucun public pour du Post-Apocalyptique ? Le mystère reste entier, d’autant plus que ce film est sans doute ce qui se fait de mieux avec Mad Max 2 dans le genre. Espérons qu’avec l’engouement que suscite la sortie du nouveau Mad Max de George Miller, quelqu’un ait l’idée de ressortir des cartons ce petit film absolument génial.
A la réalisation, un certain David Webb Peoples. Ce nom ne vous dit sans doute rien, et pour cause, il n’a à son actif qu’un seul et unique film. Pourtant, quand on y regarde de plus près, on constate qu’il est également scénariste de films cultes tels que L’Armée des 12 Singes, Ladyhawke, Leviathan, Impitoyable ou encore Blade Runner. Et là tout de suite, ça vous parle nettement plus. Mais Le Sang des Héros, c’est quoi au juste…
Le Sang des héros, c’est un petit budget, environ 6M$, tourné en même pas deux mois dans des décors désertiques magnifiques que seule l’Australie semble capable d’offrir, sorte de croisement entre le Mad Max 2 (1981) de George Miller et le Rollerball (1975) de Norman Jewison, nous présentant un sport très brutal, le Jugger, où deux équipes s’affrontent et dont l’objectif est de planter un crâne de chien sur le piquet du camp adverse. Et si je parle de film culte un peu plus haut, c’est que ce sport créé de toutes pièces a fait des émules, à tel point que les Allemands s’en sont inspirés pour créer un vrai sport, baptisé pour l’occasion le Jugger, et qu’il existe aujourd’hui des leagues officielles dans plusieurs pays du monde tels que l’Allemagne donc, mais aussi le Danemark, l’Australie ou encore les Etats-Unis. Pour les curieux, un petit article illustré d’une vidéo ICI.
Ce sport est donc l’élément central du film, et on va suivre cette petite équipe un peu vieillissante, aller de village en village, enchainer les matchs contre les équipes locales avec plus ou moins de réussite. Point d’action frénétique ici, point d’effet de style ni d’abus de ralentis, simplement de la violence brute filmée dans ce qu’elle a de plus simple. Car le Jugger est un sport violent, très violent, où tous les coups sont permis. Les matchs ont beau être filmés sans fioriture, ils n’en sont pas moins excellents pour autant, et exécutés de main de maitre par une belle brochette de gueules bien charismatiques du cinéma.
Le casting est d’ailleurs une des grandes forces de ce film. Outre la présence de petits seconds rôles sympas, comme par exemple Richard Norton qu’on voit en toute fin et que les amateurs de péloches HK apprécieront (remember Niki Larson, Shanghaï Express et Twinkle Twinkle Lucky Stars). L’inimitable Rutger Hauer (Blade Runner, Hitcher), Delroy Lindo (Malcom X, Get Shorty), Vincent D’Onofrio (Full Metal Jacket, Men in Black, New York Section Criminelle) ou encore Joan Chen (Le Dernier Empereur, Twin Peaks), tous incarnent à la perfection leur rôle et rendent leur personnage immédiatement attachant.
Mais si Le Sang des Héros fonctionne aussi bien, c’est parce que l’histoire qu’on nous raconte est des plus simples. Pas de réel scénario, juste l’histoire de cette équipe de Jugger qu’on va suivre, de manière très linéaire car il n’y a besoin de rien de plus. Une histoire simple mais pas simpliste, car derrière se cache tout de même ce message de différence sociale poussé à l’extrême, où les riches vivent entre eux, dans le luxe et le plaisir, dans des villes en sous-sol, alors que les pauvres survivent comme ils peuvent, à la surface, dans le désert, vivant d’agriculture, se contentant de peu, ignorant même ce à quoi peut bien ressembler de la soie. Un message sur lequel le réalisateur n’insiste que peu au final, mais qui sert de toile de fond à ce monde futuriste un peu (beaucoup ?) désespéré.
Le Sang des Héros fait malheureusement partie de ces films injustement oubliés, allez savoir pourquoi. Une erreur qu’il serait urgent de rectifier tant ce film est une réussite dans son genre. Une œuvre post-apo culte, à ranger aux côtés de Mad Max 2, rien que ça !
Critique originale ICI