On retrouve la maîtrise de William Friedkin dans ce thriller glaçant, déconseillé aux âmes sensibles. La réalisation est affûtée comme un rasoir, le scénario troublant, l'interprétation impeccable.
Clin D'oeil :
Ce film a une histoire assez particulière.
En effet il est sorti initialement en 1987 dans quelques pays, mais il n'a connu qu'une sortie restreinte aux États-Unis, le distributeur (De Laurentiis Entertainment Group) ayant fait faillite en 1988. Ce montage initial émet des réserves sur la validité de la peine de mort.
Mais William Friedkin, ayant changé de point de vue sur le sujet au début des années 90, procéda à un remontage de son film. Ce second montage (une sorte de director's cut révisionniste, datant de 1992) penche désormais nettement en faveur de la peine capitale.
Il existe donc deux versions de ce film, l'une en contradiction avec l'autre.
Quelques différences notoires entre les deux montages:
• Le générique original ouvre le film sur des images aériennes. Le montage de 1992 laisse apparaître le générique plus tardivement, sur fond noir, ayant pris soin de préciser que le film s'inspire de faits réels et que les premiers meurtres se passent le jour de Noël 1986.
• Le montage de 1992 insère une scène où le tueur se rend chez un armurier, plaisantant avec le vendeur, accréditant la thèse de la préméditation.
• Le montage de 1992 fait disparaître une discussion entre le procureur et sa femme, laquelle argumente contre la peine de mort. Plusieurs lignes de dialogues du procureur ont également été coupées, concernant les motivations possibles de Reece.
• Les doutes moraux du procureur, buvant seul à son domicile, s'accompagnent dans le montage de 1987 d'images du tueur et des ses actes de folie. Ces images sont remplacés dans le nouveau montage par d'autres (le tueur fixe en regard caméra, devant un manège, le tueur mort dans sa cellule, et la fille du procureur que le tueur prend par la main).
• La fin du film est radicalement différente. Dans le montage de 1992, le tueur ne meurt plus d'une overdose de médicaments (donnés par sa mère). Bien vivant, il écrit de sa cellule au mari et père de deux victimes (visible dans une fête foraine), justifiant ses actes par sa maladie. Le film se termine sur le tueur, derrière les barreaux, regardant la caméra. Un carton noir indique qu'il a déjà fait, au bout de quatre ans, une demande de libération et qu'il pourra en reformuler une autre dans six mois.