Accusé d'avoir tué et vidé de leur sang six victimes, un meurtrier est condamné à la peine de mort, mais la défense prend fait et cause pour la folie, ce qui lui empêcherait la sanction fatale.
Tiré d'une histoire vraie s'étant déroulée en Californie à la fin des années 1970 où un homme tuait et buvait le sang de ses victimes, Rampage est en soi un modèle. Car lors de sa première diffusion en 1987, William Friedkin était contre la peine de mort, et le montage du film allait dans ce sens, sauf que le distributeur a fait faillite peu de temps après sa sortie en salles. Rampage sera racheté par Miramax, et bénéficiera d'une nouvelle sortie en 1992 où, entretemps, William Friedkin a changé d'avis sur la peine de mort, en étant cette fois pour. Il va en modifier le montage afin d'être plus conforme à ses idées nouvelles, notamment en changeant la fin, et en retirant quelques dialogues qui allaient dans le sens de la perpétuité pour cause de folie. Ce qui fait qu'il existe aujourd'hui deux versions du film, dont la première est désormais quasiment invisible. Quant à celle dite pro peine de mort, il aura fallu attendre trente ans et une diffusion sur le site de Vod Filmo pour qu'on voie enfin ce film controversé.
Personnellement, je suis de ceux qui pensent qu'on peut changer d'avis, rien n'est gravé dans le marbre, mais le voir sur un écran avec deux version émettant une opinion différente, j'avoue avoir rarement vu ça. Compte tenu de la réputation du film, j'avoue en avoir été un peu déçu, car si le propos est bien du Friedkin à 100 %, sur l’ambiguïté du mal, la réalisation m'a semblé être de la télévision de cette époque, avec une lumière très moche, et une répétition ad nauseam de filmer tout le monde en gros plan. Cette pauvreté de la mise en scène se voit en particulier lors des nombreuses scènes de procès, mais il y a un plan que je trouve réussi qui est celui où les flics débarquent dans le maison du meurtrier, mais tombent finalement sur sa mère endormie, avec une caméra qui semble être là comme s'il s'agissait d'une intervention télévisée. L'interprétation de ce tueur fou, joué par Alex McArthur, est l'une des réussites du film, car sa folie ne transparait guère, passant comme normal après avoir passé un IRM, mais un pétage de plombs dans une église avec le visage peinturé de bleu va tout changer. On retrouve aussi Kyle Reese, pardon, Michael Biehn en avocat de l'accusation, dont la mort de ces victimes, dont des enfants, ne peut le laisser indifférent car, de manière un peu lourde, on insiste bien sur le fait que lui aussi a perdu sa fille quelques mois plus tôt d'une maladie, donc il pourrait avoir de la compréhension sur ce qu'on ressent à la suite de la perte.
Il y a aussi une musique signée Ennio Morricone, mais rien de mémorable pour le coup.
J'étais assez surpris que dans ses mémoires ou son documentaire qui lui est consacré, William Friedkin n'évoque jamais ce film, qui lui ressemble sans doute beaucoup, car son opinion est celle partagée à l'écran, mais le résultat m'a un peu déçu, je dois dire.