Hey vous savez quoi ? Il se trouve qu’il y a pas que Peter Jackson qui a eu le cran d’adapter le Seigneur des Anneaux. Ce gars, il s’appelle Ralph Bakshi, et j’aimerai pas être à sa place. Pourquoi donc ? Parce que je vois un tas de gens qui se moquent de lui pour cette adaptation et pour son Cool World (pas vu).
Alors, est-ce que son Seigneur des Anneaux est un bon film ? Heu…
Bon, là je vais mettre carte sur table, ce film n’est pas à la hauteur du chef d’œuvre de JRR Tolkien. Ce pavé de plus de mille cinq cent pages tout bonnement épique et dantesque présentant un univers aussi gigantesque que… le nôtre !
Et je trouve que rien que pour avoir tenté d’adapter une œuvre aussi dantesque et adulée, ce gars a du mérite. Alors oui, c’est sûr que quand on compare cette adaptation avec celle de Peter Jackson, ça sonne faux.
Bon, là je vais être obligé de spoiler sévère, mais bon, si vous ne connaissez pas les événements du Seigneur des Anneaux, vous feriez mieux de fermer cette page et d’aller direct lire le livre ou regarder les films parce que c’est un crime contre l’humanité.
Je pense tout simplement qu’il manque une chose à ce film… l’ambition !
Ralph Bakshi a eu cette ambition ! Il a décidé d’adapter le Seigneur des Anneaux ! Il a décidé d’utiliser des techniques de dessin animé très compliqués ! Il a tenté quelque chose !!! Lui ! Sauf que le studio lui, il s’en fichait pas mal du projet, au point de pénaliser ce gentil Bakshi en minimisant le budget et en foutant plein de contraintes.
Alors certes, à l’origine, déjà ça sentait pas très bon. Pourquoi faire un film de deux heures adaptant tout le premier tome et la moitié du deuxième ? Je veux dire, on aurait très bien pu faire un film de deux heures sur le premier tome. Parce que ce film… il va vite. A peine l’explication sur le fléau d’Isildur fini, BAM, Bilbo quitte LE Comté (le village, pas le fromage) et cinq minutes après on voit Frodo partir vers Rivendell (et dix-sept ans se sont écoulées entre temps). En quinze minutes, Frodo a le temps de rencontrer Aragorn, de participer au conseil d’Elrond et de franchir les mines de la Moria ! Si on m’avait dit que le périple de Frodo était aussi rapide…
Vous l’aurez compris, le film est truffé d’éclipses qui cassent le rythme et empêchent tout attachement aux personnages. Parce que bon, quand Gandalf tombe des mines, j’ai pas vraiment l’impression que Frodo en a quelque chose à faire, pareil pour Aragorn ou qui que ce soit en fait. Dans le bouquin, ils pleurent pendant trois pages, et là c’est genre « ah, mon pote que je connais depuis une cinquantaine d’année est mort… ».
En fait, que ce soit dans le livre ou les films de Peter Jackson, il y a un élément qui m’émerveille à chaque fois, c’est la démesure ! Le Seigneur des Anneaux, c’est énorme. L’univers, les décors, les événements, les personnages, tout dans cette histoire est travaillé au millimètre près pour que l’univers soit cohérent (comme le dira plus tard Tolkien concernant la cohérence des univers secondaires). Et du coup, quand vient le Balrog, ou le Gouffre de Helm, c’est épique ! Dans le livre, y a plein d’émotions et dans les films, c’est ultra épique, avec de la musique à fond. Et dans cette adaptation, c’est plat. C’est triste à dire mais vraiment, la bataille du Gouffre de Helm était… naze.
En fait, le truc vient surtout de l’animation. C’est pas faute d’avoir essayé, mais Bakshi a voulu tenter un truc avec une technique d’animation que, personnellement, je ne connais pas, mais qui, apparemment, prend beaucoup de temps à être développée. D’après certains dires, l’animation est nettement plus fluide. Ça se sent beaucoup au début, mais des fois ça se sent trop. Les visages bougent toujours et ça en devient fatiguant. Notamment avec Bilbo, ses yeux, ils bougent tout le temps, ça me fait mal à la tête.
Et au milieu du film, on sent bien que le studio a accélérer la production parce que… c’est bâclé. Et c’est pour ça que le passage au Gouffre de Helm est aussi plat, c’est parce qu’il est tout à la fin et que le réalisateur avait plus le temps d’animer les combats, de développer les effets spéciaux.
Et du coup, le rendu est affreusement laid.
Mais, voyez-vous, j’ai pas envie d’être méchant avec ce film. Parce qu’on sent l’ambition de Bakshi à faire quelque chose de bien, et ça sent qu’il a été pénalisé. Et puis, le film date de 1978, à une époque où l’animation n’est pas encore très bonne (sauf chez Disney). Pour moi, cette première adaptation, c’est un projet très ambitieux qui n’a pas eu de chance, et dont le rendu est véritable brouillon sans âme. C’est dommage, mais c’est comme ça.