J'aime les films de Ralph Bakshi. À vrai dire, Wizards est mon film préféré et loin d'être le meilleur film que j'ai vu, il coche toutes les petites cases de ma subjectivité. Ce Seigneur des Anneaux de Bakshi étant en quelque sorte le petit frère de Wizards, je l'ai forcément apprécié. Ses couleurs, sa rotoscopie, ses décors, les expressions de ses personnages, sa mise en scène généreuse et tape à l’œil et son ambiance Sword and Sorcery à l'enrobage psychédélique. En somme, tout ce qui fait de ce film un bon film se retrouve chez Wizards, mais malgré tout, un désagréable relent plane sur l’entièreté du film.
Le scénario et le déroulement des événements est lourd du début à la fin, un peu comme si à chaque péripétie on pouvait entendre hurler l'équipe du film « Vite vite on enchaine on est encore en retard ! ». Bah ouais... adapter quasi tout le seigneur des anneaux en 2h et quelques c'est pas possible, c'est con parce que le style de Bakshi aurait pu en faire une incroyable adaptation dans un style différent avec un peu plus de libertés de prises concernant l’œuvre originale. Je pense aux Nazgûl et au monde qui apparaît quand l'anneau est porté, un mélange de couleurs qui donne l'impression de zoomer sur une galaxie ou un pot d'acrylique qui aurait pris vie, ces scènes mettent une vraie pression et sont superbes. Les orques aussi, qui ressemblent à des chimères lépreuses immondes, pour le coup on ressent vraiment cet aspect "armée maléfique" à chaque apparition. Bref, l'empreinte de Bakshi, de la couleurs, un grain dans chaque plan et chaque visuel et une ambiance psychédélique-fantaisiste qui participe à faire de ce film une jolie curiosité quand comparé aux autres adaptations de Tolkien.
Au final, ce film laisse un goût un peu amer de "c'est comme Wizards mais en moins bien". Il reste très agréable à regarder et très beau si comme moi vous aimez l'esthétique de Bakshi, mais le scénario est balancé au visage comme un speedrun, ce qui gâche un peu le tout. Un film qui aurait bien profité de simplement s'inspirer plutôt que d'adapter.