Une forte démonstration de ce qu’un blockbuster de WarnerBros peut offrir. La surprise est à son comble dès lors que l’on savait l’adaptation de J.R.R. Tolkien chez de grands artificiels numériques, The Matrix pour exemple. Et c’est donc Peter Jackson qui est aux commandes aussi surprenant soit-il, alors qu’il s’est essentiellement fait remarqué pour « Bad Taste », « Les Feebles » et « Braindead ». Ces œuvres illustrent tout de même son aptitude à s’approprier le grand public et constitue ainsi un choix assez logique, malgré quelques divergences scénaristiques.


« Le Seigneur des Anneaux : La Communauté de l'Anneau », c’est d’abord le phénomène littéraire où la fantasy s’intègre peu à peu dans la culture moderne. L’avidité et autres péchés sont au centre des discussions. La valeur significative de l’anneau magique, tant convoité, peut être adoptée tel l’anti-Graal. Au lieu de se satisfaire de sa possession, sa destruction est primordiale. La religion prend ainsi une place majeure dans ce récit, tiré de plusieurs mythologies. Le christianisme met en avant la passion d’êtres exceptionnels qui ne perçoive leur destin que dans la violence. Hommes, Elfes, Nains, Hobbit, Orcs et Magiciens se disputent ainsi le pouvoir, de même que les « sous-pouvoirs » que chaque entité possède au sein de leur système. On cherche alors à émettre l’idéologie d’une mixité compliquée. L’univers définit alors ses personnages, dédiés aux compétences que chacun développe et s’épanouit.


On ne cesse donc de comparer, voire dénoncer des comportements avant tout humains. Par exemple, la magie de Saroumane (Christopher Lee) reflète la folie scientifique où il donne naissance à la haine et la mort. Bien entendu, cet archétype s’étend à bien d’autres figures dans l’univers. C’est pourquoi, sur le point opposé à ce constat, on nous sert des personnages plus libres d’esprit. Le Hobbit est une figure de l’enfant en ascension dans la maturité. Confronté au sens réel de la vie, de ses injustices et de son impartialité, on découvre par le biais de Frodon Saquet (Elijah Wood) et de ses compagnons que le monde est bien plus grand et mystérieux. On s’attarde ainsi sur leur évolution au court du périple. En chemin, Gandalf (Ian McKellen) le magicien à l’esprit saint prouve que le bon sentiment ne suffit pas à changer la donne. L’acharnement et le devoir seront constamment remis en question.


Aragorn (Viggo Mortensen) et Boromir (Sean Bean) incarnent les extrémités de la justice. Chacun démontrera à sa manière que la quête pour la délivrance ne fait que commencer. La sombre parcelle qui les guette n’est que le revers d’un remord personnel. Les deux sont troublés par le devoir et la responsabilité. Et quant aux derniers remarquables du groupe, nous avons un duo que forment Gimli (John Rhys-Davies) et Legolas (Orlando Bloom). Le premier s’affirme comme nain, fonceur et entêté alors que le second campe elfe, calme et élégance. Cette complémentarité est due à une divergence de culture pluôt rancunier mais qui admet son lot d’humour de temps à autre. Loin d’être hilarant dans l’âme, on préfère détendre l’atmosphère et on se sert souvent de leur discours pour rythmer le voyage.


Autrement pour en revenir à la réalisation, Jackson opte pour une narration poussive, voire trop explicite. On le connait à sa démarche un peu Hollywoodien avant même qu’il ne signe avec leur studio. Le film traine ainsi sur des longueurs parfois insistants et insupportables. L’aboutissement au niveau développement psychologique de certains protagonistes n’est pas satisfaisant. Tout cela est quelque peu corrigé dans la version longue. On sent alors la richesse de l’adaptation. C’est pourquoi la dégustation se fait d’abord avec les yeux dans une œuvre si fictive. Les performances visuelles prennent un ton sombre et sérieux. La fidélité reste à prouver car des décalages sont à signaler, dans un souci purement lié à la mise en scène.


Loin d’être un épisode pilote, l’œuvre se voit accompagnée d’une partition splendide d’Howard Shore. Résonant à travers les inspirations mythologiques et celtiques du continent européen, la lecture n’est que meilleure. Le lot d’émotion garde une part discrète mais reste honnête. On n’a pas à regretter la découverte d’une trilogie, pourvu d’un démarrage avec panache et conviction.

Créée

le 9 juin 2017

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