Quand le mot chef-d'oeuvre ne suffit plus...
Écrire sur le Seigneur des Anneaux est probablement l'exercice le plus compliqué que je puisse imaginer. Il s'agit de mon oeuvre préférée, que ce soit la version littéraire comme la version cinématographique, et trouver des mots pour décrire pleinement ce que je ressens à son visionnage me paraît impossible. Mais j'ai décidé, suite à mon récent marathon qui consistait à s'enfiler les trois volets en version longue en moins de 24h, d'en écrire mes critiques, parce qu'ils le valent bien. Alors allons-y.
Quand il fut annoncé que Peter Jackson allait adapter le Seigneur des Anneaux, chef d'oeuvre parmi les chefs d'oeuvres, la nouvelle ne passa pas inaperçue, et des millions de fans de se faire des cheveux blancs en imaginant comment ce réalisateur de série B allait massacrer leur oeuvre fétiche. Cependant, et ça reste un événement inédit dans l'histoire des adaptations cinématographiques, bien peu furent les déçus lorsque La Communauté de l'Anneau sortit enfin. Il y en a bien sûr qui ont crié au sacrilège mais la grande majorité, malgré quelques réserves, n'a pas boudé son plaisir. Et ce fut à peu près la même chose pour les gens qui n'avaient jamais lu ou même détesté le livre. Ils n'y en avaient pas non plus des masses qui criaient au chef d'oeuvre comme je vais le faire pendant ces trois critiques, mais le succès du film fut tout simplement incroyable.
Moi pendant ce temps là, j'avais trois ans, et je m'en foutais bien. Mais je le découvris peu de temps après, pour ne plus jamais le quitter de toute mon enfance.
Bien plus tard j'ai lu les livres, que j'ai tout autant adoré que les films, et c'est à l'issu de leur lecture que j'ai entrepris le marathon dont je parlais plus haut, et qui m'a encore apporté une toute nouvelle vision de ce chef d'oeuvre (parque Le Seigneur des Anneaux, s'il est divisé en 3, ne constitue bien qu'une seule entité). Je parle donc ici uniquement des versions longues, ne me souvenant plus vraiment des versions courtes.
Voilà pour le contexte, désolé, c'est long, mais je parle du SDA, alors je fais ce que je veux... Maintenant je rentre dans le vif du sujet, et je ne parle que de La Communauté de l'Anneau.
Le premier volet est probablement le moins épique de la trilogie (même si ça reste plus épique que tout le reste des films), et ça lui permet d'être bien plus à hauteur d'homme que les autres. C'est aussi le seul où on peut sentir la patte de Jackson, avec ce léger côté série B, surtout au début, mais qui ne nuit jamais à la grandeur et la pureté de l'ensemble, lui apportant simplement une petite atmosphère supplémentaire. À hauteur d'homme donc, car il nous permet de côtoyer les personnages avant qu'ils ne deviennent des demi dieux par la suite, et qu'on ne puisse plus s'identifier à eux (en aucun cas une critique, juste un constat, d'ailleurs je serais bien incapable de leur reprocher quoi que ce soit).
Ce qui frappe, c'est le lyrisme qui se dégage du film, dès les premières secondes, et au final c'est ça sa force. Mélanger une formidable dimension épique à une dimension émotionnelle toute aussi importante. En le regardant, et c'est particulièrement vrai pour ce volet, on passe du rire aux larmes ou à la peur en un clin d'oeil, et parfois ils se mélangent même pour former ce sentiment inédit que je n'ai jamais retrouvé ailleurs, et que je serais bien incapable de décrire.
La mise en scène de Jackson, malgré ce côté série B que j'ai évoqué, est d'une perfection folle. C'est très classique, mais dans le bon sens du terme, et au fond il n'y a que ça qui permet de toucher à la perfection, pas des délires de virtuose ou des expérimentations, aussi intéressantes soient-elles. Un petit mot sur l'esthétique aussi, qui fascinait à en faire des cauchemars le petit garçon que j'étais et qui continue tout autant à m'impressionner aujourd'hui, que ce soit les visions de rêve de la Comté comme l'enfer absolu de l'Isengard. À ceci, et ils vont de pair, s'ajoute ce que je considère comme la meilleure BO de toute l'histoire du cinéma, rien que ça. Elle aussi est très classique, mais elle développe une puissance et un lyrisme qui ne peuvent que bouleverser. Plus que ça, on peut la voir comme la bande-originale des livres, tant Howard Shore arrive à capturer leur essence même.
Beaucoup de mal a été dit des acteurs, à tort selon moi. Bien sûr il n'y a aucune grande performance ici, pas de rôle de composition, mais c'est peut être plus que ça. Les acteurs se fondent dans le film, chacun parfaitement à sa place, et le tout donne une impression de perfection totale. Et puis je dis qu'il n'y a pas de grande performance, mais il y a quand même de très grands acteurs, qui jouent tous extraordinairement bien. Après je pourrais vous dire que Viggo Mortensen est un dieu et des trucs comme ça, mais j'aurais peur de ne plus être très objectif...
Le scénario en lui même est génial, et impossible pour moi de lui trouver le moindre défaut. Apparemment il y en a pour certains, mais j'ai beau chercher, je trouve pas. Ici encore, le mot d'ordre est classicisme. On est dans quelques chose de très schématisé, mais sans que ça soit jamais gênant ni même qu'on s'en rende compte, et on touche une fois de plus à la perfection.
Pour ce qui est de l'adaptation, je la trouve plus qu'honnête et généreuse. Jackson a coupé bien peu de choses, et a surtout réussi à recréer l'émotion et l'atmosphère des livres, ou tout du moins une grosse partie. Bien sûr, il a omis les poèmes et les arbres généalogiques de chaque personnage, mais bon si vous êtes intelligent vous comprendrez qu'on pouvait pas faire passer ça en film. Pareil pour Tom Bombadil, parce que même si j'adore son passage dans le livre et que j'aurais plus qu'apprécié de le voir dans le film, son absence n'est en rien un handicap dans un long métrage qui fait déjà 3h30.
Voilà, je crois avoir dit le plus important, même si je pourrais sans problème écrire un livre. De toute façon il me reste deux critiques donc si vous avez le courage, on continue sur Les Deux Tours...