J'écris cette critique suite à ma première vision de ce film sur grand écran.
Dans sa version longue, le Seigneur des Anneaux 1ère partie est beaucoup plus touffu que dans la précédente. Vous y trouverez un aspect documentaire bienvenu (qui se languirait de voir ces magnifiques paysages ressassés et ces charmantes moeurs de Hobbits, nous remémorrant les bonnes choses de la vie ?).
Cet aspect documentaire, cependant, empâte toutefois l'oeuvre dans un raz-de-marée de disgressions et le film ne prend son envol qu'à partir des retrouvailles de Merry et Pipin avec Frodon et Sam au champ du père Magotte.
A partir de là le voyage commence à prendre un rythme consistent et une réelle tournure dramatique, et c'est avant tout de voyage que la Communauté de l'Anneau retourne.
Cela parle de chemins qui se séparent , nous incite à écouter notre coeur, à accepter la solitude face à son destin, décider en tenant compte du temps qui nous est imparti...bref, voilà, la Communauté de l'Anneau c'est tout cela, et spécialement en version longue, où la deuxième partie du après Fondcombe tient du chef d'oeuvre.
Mais avant cela, je tiens à signaler que j'apprécie particulièrement ce passage dans les marais au moustiques, qu'ils ont rajoutés. La bataille au sommet du Mont Venteux est le premier passage vraiment sublime du film, en s'ensuivra de cela une course poursuite qui mènera jusqu'à Fondcombe, ou, après mort et renaissance spirituelle, Frodon deviendra le héros du film.
Car Frodon est le héros de l'histoire, et c'est dans ce film-là, où il fait son choix le plus dramatique lors du conseil d'Elrond, que l'on se rend compte de la bifurcation de son chemin, de son immense courage et de sa solitude.
Les moments où il offre l'anneau aux gens à qui il fait confiance sont incroyables. Particulièrement celui avec Aragorn, le dernier, qui est très émouvant.
C'est dans ce film que les choses démarrent, et elles grincent en s'enclenchant. Gandalf trépasse, ainsi que Boromir - la Communauté se dissout...c'est dans ce film où l'espoir est le plus vain. C'est peut-être même le film le plus désespéré, car...à la fin de la Communauté de l'Anneau....tout est échec. En apparence.
Car Frodon a prit sa route, seul, bien qu'accompagné de Sam, et c'est ainsi que le passage à l'âge adulte commence.
A partir de cet évènement final aux chutes de Rauros, tout va se régler, petit à petit, et se rassembler, malgré les dissidences qui se produiront dans les films suivants. Le destin des personnages de la Communauté s'éclate et les grandes lignes sont tracées.
C'est en ce sens le film le plus spirituel des trois, et le plus triste. Bien que l'on pleure quand Théoden s'éteint, c'est bien ici, à la fin, en descendant le fleuve Amon Muîl, où l'on ressent toute la peur, la tristesse, la langueur et l'incertitude face au destin qui attend les 9 personnages, et à leur quête insensée.
C'est un bien beau film, un bien beau final, et un film plus profond, peut-être, que ce qui suivra (en attendant de revoir la Version longue sur grand écran des Deux Tours).
Mais en attendant, la Communauté de l'Anneau, c'est aussi le plus chiant.
Et oui, par sa nature de voyage initiatique et de commencement, la Communauté de l'Anneau s'alourdit du double fardeau de devoir nous expliquer un monde étranger au nôtre (d'où toutes les disgressions évoquées plus haut, qui le font passer pour un documentaire, redondant à revoir pour les initiés) et de lancer les personnages sur leur piste.
Il s'ensuit une trajectoire très linéaire, où l'enjeu dramatique repose sur les épaules d'un petit groupe de personnage, ce qui ne donne pas la sensation épique des deux suivants. Les personnages les plus vus lors des endroits traversés par nos groupes de héros sont des hobbits et des elfes. Deux races à part entière de la nôtre et qui ont cela d'ennuyeux que tout ce passe bien chez eux. Ils n'ont guère de dissidences interne et de faiblesses, comme ça sera le cas dans les Deux Tours et le Retour du Roi, et ne sont guère impliqués (du moins directement), dans la grande guerre qui se joue.
Difficile alors de ressentir de l'empathie et de l'intérêt pour les personnages que nous rencontront, sachant qu'une fois que nous les avons découverts et redécouverts, ils ressemblent à une étape de passage obligé que l'on doit supporter pour passer aux choses sérieuses.
Et en fait, la Communauté de l'Anneau en général ressemble à ça.
Mais il y a la mort de Gandalf. Sa chute du pont de Khazad-Dûm, au moment où le climax culmine à son comble.
Et il y a le moment où, d'un panoramique verticale, l'armée de Saroumane est revélée, face à Aragorn, qui décide d'embrasser sa propre voie et de laisser Frodon partir.
Ces deux moments clés font que l'on a encore envie de revoir la Communauté de l'Anneau, parce qu'il y a du fun, mine de rien.
Et il y a surtout ces réflexions sur les choix, "le temps qui nous est imparti", l'écoute de notre coeur, malgré ce que la raison nous dit....
Et de belles choses qui font que l'on a envie que ça continue encore et encore....