Un biopic ? Pas seulement.
Méfiez-vous du qualificatif de biopic qui entoure ce film. Le Sel de la Terre déploie ses ailes bien au-delà du cadre de la vie de Sebastião Salgado. Certes, le travail sans commune mesure du photographe franco-brésilien est magistralement mis en scène par Wim Wenders. Ses photos nous sont directement montrées à l'écran, et viennent illustrer les quatre décennies d'aventure qu'a vécu Salgado. Le visage de celui-ci vient se surimposer par transparence à celles-ci alors qu'il les commente. Une superbe idée qui donne une place totale au travail et à la vision de cet homme, sans éloge trop appuyé de la part de Wenders. Peut-être est-ce aussi car ce Sel de la Terre est tout autant un film sur un grand photographe qu'un film sur la grandeur de l'humanité.
L'écriture de ce documentaire s'orchestre parfaitement devant nous spectateurs, alors que la splendeur des clichés en noir et blanc nous assène de fortes émotions par leur beauté douloureuse. Entrant en résonance avec des problématiques globales sur les thèmes de la guerre, de la famine et de l'environnement, les visions d'horreur auxquelles Salgado a été exposé et qu'il nous transmet peuvent porter à l'écœurement. Le film ne manque pas pour autant de porter un vif message d'espoir, notamment par le développement d'un projet non-photographique majeur de la vie du brésilien : la création d'Instituto Terra, qui s'est traduit par la plantation de millions d'arbres sur les terres familiales. La préservation de la planète, et plus globalement de la vie qui s'y trouve, apparaît de façon encore plus vive qu'ailleurs comme ce qui doit être l'objectif premier de notre civilisation à compter d'aujourd'hui. C'est en ce sens que je considère ce film non pas comme un biopic sur la vie du grand Salgado, mais bien un véritable message humain auquel j'aimerais que tous soient exposés.