Le Séminaire - Caméra Café par Gérard Rocher La Fête de l'Art
Dans bien des entreprises des séminaires sont organisés afin de tester la motivation du personnel et booster celle-ci dans la mesure où le besoin s'en fait sentir. Cinq employés plus le chef de service de la société Geugène sont convoqués à La Défense pour y subir différentes épreuves d'évaluation. Il y a là Hervé, le délégué syndical à l'oeil critique et le roi de la vente d'après lui, Jean-Claude, nettement moins performant, qui est surtout venu à Paris pour tenter de reconquérir le coeur de son épouse qui a quitté le domicile conjugal avec les enfants. Suivent également ce séminaire Maeva enceinte jusqu'au cou et un peu nunuche, Jean, homosexuel et fier de l'être, Jeanne une employée modèle souffre-douleur de son responsable assez méprisant, Philippe Gattin, également présent. Ces braves séminaristes ne se doutent pas que cette épreuve dispensée par un dynamique "prêcheur" et son assistante n'a d'autre but que de justifier des licenciements en vue d'une restructuration de l'entreprise. Reste à savoir si les participants de ce séminaire ne se serviront pas des quelques bons conseils engrangés afin de confondre leur employeur. L'histoire de l'arroseur arrosé va-t-elle être remise au goût du jour ?
Drôles de moments passés dans la capitale pour ces six employés d'une grande entreprise comme Geugène. Tous vont vivre à leur manière cet épisode professionnel dans la capitale, notamment Hervé, le délégué syndical, et son copain Jean-Claude. En effet le premier éprouvera un certain intérêt, bien réciproque tout de même, pour l'assistante du coach peu farouche; quant à Jean-Claude il aura pour principale préoccupation la recherche de son épouse et de ses enfants. Il faut dire qu'il a mis volontairement le feu à sa maison pour toucher l'argent de l'assurance, vivant depuis dans un camping-car. Il reconnaît par contre qu'il est un raté, qu'il boit, qu'il n'est pas un bon salarié et tout cela le désespère. Il tient donc à réparer ce qu'il a détruit et pour cela, flanqué d' Hervé, il quadrille Paris pour récupérer les fuyards. Mais le vrai but de cet incursion dans les tours de La Défense, c'est bien sûr ce séminaire où sont testées les personnalités et la combativité de chacun. Les six participants sont très différents les uns des autres et le coach ne tarde pas à se rendre compte du manque de cohésion et d'organisation de cette équipe. Les tests appuient amplement cette impression et chacun en profite alors pour régler ses comptes et assouvir sa rancoeur par des réflexions acerbes. Entre ces séances mouvementées, il serait bien dommage d'être à Paris sans profiter de la vie nocturne de la capitale. Il s'avère que cette thérapie se montre très efficace pour effacer les rancoeurs et même se trouver des points communs, inimaginables quelque temps plus tôt. Une certaine solidarité s'empare ainsi du groupe qui devient aussi réceptif aux méthodes de leur coach qu'Hervé aux charmes de l'assistante. Jean-Claude retrouve sa femme mais la guerre entre eux n'est pas forcément terminée. Des couples assez inattendus se constituent et au milieu de ce séisme Maéva accouche de son bébé à qui il faudra trouver un papa! Dans cet état de grâce ambiant même le chef de service Jean-guy Lecointre devient réceptif à son équipe et surtout envers l'une de ses subordonnées. Le problème est que ce genre de séminaire n'est jamais innocent et la restructuration de l'entreprise Geugène va causer d'énormes ravages au sein de l'équipe . Celle-ci "regonflée à bloc" par les méthodes studieusement apprises et encore toutes fraîches dans les mémoires, va devoir les expérimenter pour en découdre avec la direction. Dans de telles conditions, le travail est-il indispensable pour vivre heureux ?
Voilà un sujet intéressant avec lequel il est possible de réaliser une comédie corrosive, incisive. C'est pourquoi j'étais très attiré par ce film que j'imaginais être de la même veine que la célèbre série TV "Caméra Café" puisque les héros principaux se retrouvaient à nouveau dans ce film après "Espace détente" de Bruno Solo et Yvan Le Bolloc'h. Cette fois, c'est Charles Nemes qui prend les rennes et là, je suis tombé de haut. On savait que ce réalisateur n'était pas réputé pour faire dans la dentelle et on touche le fond. Cette sympathique "Caméra Café" devient un film d'une vulgarité affligeante assorti d'un scénario et d'une mise en scène inexistante. Les personnages sont d'un conventionnel énorme frisant même le mépris pour certains. Je veux bien que l'on s'amuse quelque peu de la tenue et du contenu de ces "stages conviviaux" jamais vraiment innocents; malheureusement on ne retiendra de ce séminaire que la drague, les parties de jambes en l'air, un type paumé à la recherche de sa femme dans Paris et d'une liste de licenciements à récupérer de toute urgence. J'oubliais que pour pimenter le tout vous avez droit au refrain des méchants CRS contre les gentils employés opprimés. Nous ne sommes malheureusement toujours pas au bout de notre peine avec la chute "philosophique" plus que douteuse de cette histoire. L'interprétation est au diapason de ce film, c'est à dire inconsistante, les acteurs que ce soit Yvan Le Bolloc'h, Bruno Solo ou Armelle, semblant être livrés à eux-mêmes.
Voici donc le résumé de cette sauce sociale pathétique et pas crédible pour un sou car lorsque l'on voit les portraits qui ont été brossés de ces salariés là, on comprend mieux les problèmes de la société Geugène. Personnellement, mon séminaire n'a duré que 95 minutes mais il m'a paru une éternité !