En voyant l’affiche, le casting et le sujet on peut avoir peur. Peur de voir une énième comédie dite populaire à la française calibrée pour passer en prime-time sur une grande chaîne un mardi soir. En gros, aseptisée, formatée, lourde, pas drôle et uniquement destinée à satisfaire les spectateurs les moins regardants, au rire facile dirons-nous. Il y a un petit peu de cela en effet, pour certaines scènes et l’ambiance générale, mais « Le sens de la famille » a le bon goût d’avoir d’autres qualités. Le film se sert d’un sous-genre relativement récurrent appelé outre-Atlantique le body swatching, littéralement l’échange des corps. Utilisé parfois dans le thriller ou l’action (« Volte-face » de John Woo), c’est davantage un concept usité dans les comédies comme l’excellent « Freaky Friday » ou le sympathique et frenchie « L’un dans l’autre ».
Ici, le concept est poussé à l’extrême et à son paroxysme car ce n’est pas deux personnes qui échangent leur corps mais toute une famille. Et à plusieurs reprises en plus! Très casse-gueule sur le papier on peut dire que les scénaristes s’en sortent plutôt bien. On n’est pas trop perdu dans le qui est qui malgré que les protagonistes soient au nombre de six et les changements de corps choisis sont plutôt bien vus. Il faut en revanche passer sur le pourquoi de ce fameux switch, explication qui s’avère souvent inutile et ratée. En effet, en général dans ce type de films on reste dans des situations réalistes auxquelles il faut donner une explication à un événement relevant de l’irréel. Et encore une fois ici c’est peu concluant (le début du film fait d’ailleurs très peur avec cette famille dans un parc d’attraction connu) et presque ridicule. A se demander si ce sous-genre ne devrait pas se passer d’explications. Idem, la morale et le dénouement sont attendus et un peu niais. Mais, in fine, la dernière séquence vient nous redonner un bon gros fou rire.
« Le sens de la famille » n’a également pas beaucoup de qualités en ce qui concerne l’aspect visuel. Ce n’est pas laid certes mais c’est une réalisation d’une banalité affligeante alors qu’un tel postulat pouvait permettre quelques folies de mise en scène. En revanche, et c’était le principal but pour lequel on choisit d’aller voir un tel film, on rit. On rit beaucoup même et de bon cœur. Les gags s’enchaînent à une vitesse folle, il y a pas mal d’idées et de quiproquos bien savoureux. Le comique de situation fonctionne à plein régime et on ne s’ennuie pas une seule seconde. Les acteurs s’en donnent à cœur joie et l’alchimie entre Lamy et Dubosc est toujours présente (après l’excellent « Tout le monde debout »). Mais c’est la jeune Rose de Kervernoaël qui tire son épingle du jeu en petite dernière d’à peine dix ans qui doit jouer le père puis la mère. Un imbroglio familial léger et drôle qui gère plutôt bien son concept en dépit d’un côté très téléfilm à la « Joséphine, ange gardien ».
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