Après « Nos jours heureux », « Tellement proches », « Intouchables » et « Samba », le duo de réalisateurs Eric Toledano et Olivier Nakache propose une nouvelle excursion de qualité. Toujours dans la démarche d’étudier une fresque de la société, ils ne sombrent pas dans la banalisation et l’universalisation de leur propos uniquement par pur divertissement. La force de leurs œuvres repose avant tout sur les valeurs qu’elles apportent, à savoir la responsabilité et le respect. Si le spectacle ne convainc guère au bout de la séance, on se doit d’y remédier et de réclamer son dû. Autrement, les plus chanceux auront la patience et la vertu d’admirer les prouesses rythmiques de cette comédie frontale et sincère.
Le mariage est un évènement bien particulier dans une vie. Soit on la vie du côté des invités et des mariés, soit on se contente de satisfaire le bon déroulé des choses. Les concernés figurent souvent au premier plan et l’on vient à en négliger le plus important dans ces festivités. Max (Jean-Pierre Bacri) et sa brigade de traiteur font le bonheur de couple depuis un long moment à présent. Or, à l’instant où la goutte déborde, Max dévoile ses faiblesses, fragilisant ainsi son honneur, autant que la cohésion de groupe qui lui échappe complètement. La première approche boude dans les clichés culturels, notamment dus à un fossé générationnel évident. On en rit, on s’en moque mais l’on nettoie rapidement cette mascarade par une habilité verbale payante. Peu de gags visuels sont nécessaires afin de tacler la débauche d’œuvres moins rigoureux, de nos jours ou encore de notre temps.
On brise ainsi la glace grâce au tempo de la brigade. La force des running-gag est d’une simplicité et efficacité déconcertante, malgré le caractère prévisible et revisité de ces derniers. Et là où la patte des réalisateurs entre en jeu, c’est dans la gestion des rôles secondaires, parfaitement intégrés et utiles au discours narratif. Là où le tonton Hollywoodien aurait planifié sa recette miracle, confondant l’humour et la bêtise, le duo français propose un somptueux repas avec une morale touchante en dessert. Tout pèse sur Max et son orchestre, voire ballet de mise en scène. En déployant toutes les ressources qu’il dispose, nous sommes invités à encourager son attitude au sein du groupe. Ce vieil habitué prône l’humilité, mais surtout l’adaptabilité. On identifie rapidement les personnalités chaotiques dans l’organisation du patron. Les échecs et quiproquos s’enchainent avec élégance, avant d’assister à une réelle mutation de la brigade en une équipe.
Il est donc aisé d’introduire la notion de famille et d’amitié, où Max défend les petites entreprises, victimes des requins du marché et du business. La règle pour s’imposer dans le milieu nécessite une certaine rigueur économique que l’on ne peut pas toujours respecter. Il nous fait comprendre la difficulté d’un entreprenariat, souffrance d’abord de l’unité fragilisé de ses membres, avant sa situation politique et financière. Cela dit, ce Roi de la nuit déborde d’énergie afin de la distribuer sur la scène de l’inventivité. Il aura beau être dépassé par les débordements comiques qui se chevauchent, il reste néanmoins fidèle à son crédo, tout en insufflant la volonté de croire que le bonheur qu’acquiert dans le sens de la fête, quel que soit le côté qu’il défend avec passion et amour.
Le mariage accomplit donc sa mission, visant à unir les êtres destinés à s’aimer et à se compléter. Au-delà du terrain miné qu’il nous était donné de constater, « Le Sens de la Fête » dépeint avec brio en quoi l’humanité tend vers une solidarité. Au sein d’un petit groupe partageant le même objectif, l’humain l’emporte sur tout, accompagné d’une direction artistique minutieux et ne perdant pas une seule miette des festivités dont on ne boudera pas à y participer.