Une gentille comédie chorale pour le dimanche soir de TF1

Après le déplorable Samba, Eric Toledano et Olivier Nakache reviennent avec une sympathique comédie chorale pour réchauffer nos petits cœurs meurtris par la violence des drames se jouant aux quatre coins de notre globe terrestre.


Durant près de 2 heures, on va passer une journée en compagnie d'une équipe de bras cassés lors d'un mariage dans un château du 17ème siècle. Un lieu et une situation offrant un immense champ des possibilités pour faire rire et sourire le spectateur venu se détendre pour oublier les tracas du quotidien.


La présence de Jean-Pierre Bacri au sommet de l'affiche était la raison principale de mon envie de voir ce film dans une salle de cinéma. Car, il faut bien l'avouer, on peut très bien le voir chez soi sur son téléviseur avec des coupures publicitaires, lors de sa prochaine diffusion un dimanche soir sur TF1. Surtout que d'ici-là, on aura oublier la bande-annonce qui dévoile les meilleurs moments, ce qui gâche l'impact d'une réplique ou d'une situation durant la séance.


La mécanique du film repose essentiellement sur le profil de chaque personnage. Jean-Pierre Bacri est dans son rôle habituel de râleur un brin méchant, mais qui au fond, est un homme d'une grande sensibilité. C'est son truc et il est toujours aussi parfait dans ce type de rôle. Le problème, c'est que l'histoire ne propose pas autre chose qu'une galerie de bras cassés. Ils ont beau être sympathique tel Vincent Macaigne se baladant avec un bas de pyjama en traînant son spleen, tout en reprenant les erreurs de langage des gens qu'il croise , ou Alban Ivanov en galère face au vocabulaire spécifique à cet univers et dont le regard exprime son immense incompréhension en découvrant qu'un loup est un poisson. Cela marche très bien, mais ce sont des instants.


Dans la continuité, cela fonctionne moins bien. Le tempo n'est pas enlevé. malgré des tentatives d’accélération avec une musique ne collant pas vraiment aux images. D'ailleurs, on va avoir droit au fameux : la musique adoucit les mœurs, avec un soupçon de fond social. Un domaine que les deux réalisateurs ne maîtrisent toujours pas. Cela part d'un bon sentiment, mais leur vision édulcorée de notre société est un brin agaçante. Certes, on apprécie leur bienveillance à l'égard de leurs personnages, en riant avec eux et non d'eux. Cette absence de méchanceté est agréable, mais ce côté "gentillet" finit par me lasser.


C'est sympa, mais lisse. Comme les amourettes parcourant le film. Jean-Pierre Bacri et sa relation avec Suzanne Clément : vont-ils finir ensemble (le suspense est insoutenable). Le gros beauf de chanteur Gilles Lellouche en conflit avec Eye Haidara, une jeune femme noire donc forcément issue d'une banlieue et s'exprimant avec agressivité (les clichés ont la vie très dure), vont-ils tomber dans les bras de l'un et de l'autre? Le boulet de photographe et pique-assiette Jean-Paul Rouve va-t'il convoler avec sa future et mystérieuse dulcinée? Le gros con de futur marié parisien Benjamin Lavernhe va-t'il voir sa future épouse s'enfuir au bras d'un serveur? Bien sur, il y a quelques feintes, mais cela reste, dans l'ensemble, plutôt convenu.


Dans ce gentil bordel bien organisé, on a aussi Khereddine Ennasri répétant des faits déjà avérés ou Gabriel Naccache, le stagiaire se moquant de Jean-Paul Rouve. On retrouve aussi le cuisinier immigré non déclaré Manmathan Basky. C'est le regard extérieur, celui qui pointe nos travers et s'en amuse gentiment. Enfin, il y a William Lebghil apportant un peu de sa fraîcheur dans un rôle malheureusement limité. C'est une immense galerie de personnages sur lequel le film se repose principalement, ce qui est un peu normal dans un film choral.


C'est une comédie agréable. On passe un bon moment, même si on ne rit pas aux éclats et en n'étant pas dans un état d'euphorie en sortant de la salle. Mais cela détend, même si dans le genre, je lui préfère Nos jours heureux du même tandem Toledano/Nakache.

easy2fly
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le 12 oct. 2017

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Laurent Doe

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