Le «Sentier des vaches» atteint des sommets de fréquentation

En attendant de revoir ce film en salles et de le critiquer "sur pièce", voici déjà un article du quotidien fribourgeois (qui ne garde hélas pas ses archives en ligne, d'où cette reprise)

(article paru dans "La Liberté" du 26 janvier 2011)

Le «Sentier des vaches» a dépassé les 8000 entrées. La fréquentation atteint des sommets à Bulle et à Châtel-Saint-Denis. Son réalisateur, le Fribourgeois Jean-Théo Aeby en est tout ému. Il avoue qu'il lui arrive de se glisser dans la salle, et d'observer le public. «Quand j'entends au générique Paul McNeill chanter le «Lioba», je suis au bord des larmes», avoue-t-il. Il s'imprègne aussi de l'ambiance de la salle: «Les gens évoquent des souvenirs, s'interpellent pendant le film: «Tu le connais celui-là?»... Et à la fin, ils applaudissent», rapporte-t-il modestement: «Je ne suis pas Spielberg, juste un passeur d'émotions.» Eleveur à Romont, Bernard Jacquat avoue un étonnement de prime abord: «Avec ce titre, le «Sentier des vaches», ce n'est pas ce que je m'étais mis dans la tête, je voyais plutôt la désalpe. Mais le film est «magnifique et j'ai été surpris de voir autant de jeunes dans la salle». Et il n'y a pas que les paysans, les armaillis et leurs proches qui sont séduits par ce documentaire qui s'intéresse aux peintres de poyas, ces tableaux géants accrochés au-dessus des granges: rencontrées à Fribourg à la sortie de la séance, deux élégantes citadines louent la sensibilité du film et la qualité des interprètes: «Ils sont tellement vrais, ils aiment leur métier, et les paysages sont magnifiques. Il faudrait que cela reste comme cela.»Même enthousiasme pour la famille Jolliet, de Romont: «Cela faisait vingt ans qu'on n'était pas revenu au cinéma. Mais on adore la Gruyère et la nature», témoignent les parents. «Moi, je veux devenir paysan», lance Stéphane, 10 ans. Les spectateurs ne se contentent pas d'aimer le film, ils prennent encore la plume pour transmettre leurs impressions au réalisateur. Des missives souvent touchantes, comme celle de Sylvain, 10 ans: «... Je suis allé voir votre film au cinéma et j'ai adoré. Vraiment super. BRAVO! Je suis un fan de poya et de vaches. Pour ma première communion l'an passé, j'ai demandé en cadeau une poya et j'en ai reçu une de Christa Ruffieux qui apparaît dans votre film....». Dans son livre d'or, Jean-Théo Aeby a déjà inséré plus de 300 messages ou lettres reçus depuis la sortie du film en salle. «Beaucoup me parlent avec émotion de leur vie, de ce qu'ils ont vécu quand ils étaient jeunes, ils me racontent que leurs parents étaient paysans et que le monde n'a pas changé autant qu'on le dit.»

D'autres se disent très heureux de retrouver dans le «Sentier des vaches» de «vraies valeurs», que l'on y parle de «la terre, et non pas du fric, du business et des centres commerciaux». Autre effet inattendu, son succès ranime l'intérêt du public pour «Ruelle des Bolzes», l'autre documentaire récent de Jean-Théo Aeby. Il avait franchi le cap des 12 000 entrées au cinéma. Ces dernières semaines, les demandes de DVD ont pris l'ascenseur. S'il a réalisé ses films en amateur, Jean-Théo Aeby a fait à toute vitesse ses gammes de distributeur. Après Vevey, où il commence à tourner, son dernier «bébé» est prévu à Lausanne, à Genève et à Château-d'Oex. Avec ses deux derniers documentaires, Jean-Théo Aeby s'est fait un nom. Et il songe déjà à une trilogie. «Après la ruelle et le sentier, j'ai toujours dit que je ferais le chemin.» Un chemin qui pourrait être celui du paradis. «J'ai reçu des propositions pour réaliser un film sur les anges. Je m'intéresse aussi aux guérisseurs et aux histoires étranges qui se sont passées dans certains villages. Mais pour l'instant, il faut que je digère un peu tout ça.»
citizenk
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Die Schweizerfilmacher - Le cinéma suisse

Créée

le 26 janv. 2011

Critique lue 1.6K fois

1 j'aime

7 commentaires

citizenk

Écrit par

Critique lue 1.6K fois

1
7

Du même critique

Les Contes de Terremer
citizenk
5

Pas facile d'être un "fils à"...

Comme beaucoup, je suis partagé sur "Les Contes de Terremer". D'un point de vue technique, rien à dire: le Studio Ghibli n'a plus à faire ses preuves, et les images sont belles. Du point de vue de...

le 7 janv. 2011

17 j'aime

Les salauds dorment en paix
citizenk
8

Hamlet en film noir... et en japonais!

Un film noir japonais? Fausse apparence: il s'agit plutôt d'une réinterprétation d'"Hamlet". Une oeuvre de jeunesse de Kurosawa? Fausse apparence: le Maître avait tout juste 50 ans lorsqu'il tourna...

le 6 janv. 2011

16 j'aime

Minuit dans le jardin du bien et du mal
citizenk
8

Bienvenue à Savannah

Une redécouverte très tardive en DVD, à cause d'une première galette abîmée et illisible. Enfin, nous avons pu revoir ce petit bijou! "Minuit dans le jardin du bien et du mal" m'avait déjà fasciné à...

le 6 mars 2011

15 j'aime