Hamlet en film noir... et en japonais!
Un film noir japonais? Fausse apparence: il s'agit plutôt d'une réinterprétation d'"Hamlet".
Une oeuvre de jeunesse de Kurosawa? Fausse apparence: le Maître avait tout juste 50 ans lorsqu'il tourna ce film.
Le film d'un réalisateur encore méconnu en Europe? Fausse apparence: le "Tenno" (l'Empereur, comme il aimait à se faire surnommer) avait déjà réalisé, entre autres, "Rashōmon", "L'Idiot", "Les Sept Samouraïs" ou encore "Le Château de l'araignée" au moment de la sortie de ce film.
"Les salauds dorment en paix" est un film tout en fausses apparences. Les fausses apparences d'Iwabuchi, l'antagoniste du film, mais aussi celles du personnage principal, Koichi Nishi, qui se fait passer pour un très fidèle secrétaire aux yeux d'Iwabuchi, allant jusqu'à en épouser la fille, afin de venger son père.
Les fausses apparences, enfin, d'un film qui (lorsqu'on se décide à le projeter quelque-part) est invariablement présenté comme un chef d'oeuvre méconnu d'Akira Kurosawa mais dont le Tenno lui-même n'était pas entièrement satisfait. Car il faut bien le dire, on est loin d'un excellent Kurosawa: si la première partie du film est saisissante, dans sa deuxième partie il devient quelque peu rigide et schématisé.
En fin de compte, on en sort avec l'impression d'un bon film, mais un peu long. Pourtant, comparé à d'autres films (en particulier de la même époque), il reste de très bon niveau, ce qui est tout à l'honneur de ce réalisateur hors pair que fut Kurosawa.
Une très belle découverte lors de la 22ème édition du Festival International de Films de Fribourg, en 2008, que ce Kurosawa; je n'avais pas eu la chance de le voir auparavant.