La jeune veuve Brigitte de Lédouville est d'autant plus généreuse qu'elle finance ses nombreuses opérations caritatives en détroussant des fripouilles et escrocs avant de les assassiner avec l'aide de son chevalier servant joué par Noël-Noël.
D'après un roman plutôt futé, Raymond Bernard met en scène une comédie gentiment amorale et macabre. Le film n'est pas le récit d'une succession de crimes, et l'intrigue commence quand se profile une nouvelle victime (Gérard Oury) attirée par la jolie veuve (Danielle Darrieux est bien belle à 40 ans) et sa fortune supposée. Le film ronronne aimablement jusqu'à l'apparition de Paul Meurisse, lequel introduit sa distinction habituelle et entame avec Danielle Darrieux un spirituel jeu du chat et de la souris qui est la meilleure part de la comédie.
Le réalisateur ne rend pas tout à fait justice aux personnages, qu'on imagine plus étayés et profonds dans le roman originel. Mais il parvient à dessiner chez Brigitte une femme qui s'accommode bien de ses actes -en somme faire le bien en se débarrassant du mal- et chez son complice Lestrange, un amoureux éconduit mais fidèle. La qualité des personnages, tournant le dos à la farce, est la valeur ajoutée du scénario. Le numéro de charme et de candeur souriante de Danielle Darrieux -au point qu'on peine à la voir comme une mante religieuse- n'est pas pour rien dans l'intérêt qu'on prend aux incidents de l'intrigue.