Quand la série B s'empare du péplum, ça donne Le Serpent du Nil... Sorti en 1953, le film de William Castle surfe sur la vague du renouveau du genre, initiée quelques années auparavant avec Samson et Dalila (1949), et surtout Quo Vadis (1951). Sauf qu'ici, les moyens ne sont pas tout à fait les mêmes...
Relatant les événements allant de la bataille de Philippes (42 av. J.-C.), où les troupes d'Octave et Marc-Antoine anéantissent celles de Brutus et Cassius, à la chute d'Alexandrie (30 av. J.-C.), où le futur empereur Auguste met fin à l'indépendance de l'Égypte en terrassant son ancien allié et la reine Cléopâtre, cette toute petite production de la Columbia ne se prive pas de prendre de nombreuses libertés avec l'histoire. Il faut en effet insérer dans le scénario le personnage (fictif) de Lucillius, ex-capitaine de la garde de Jules César à Alexandrie et ancien amant de Cléopâtre, devenu général de Brutus, puis second de Marc-Antoine... Du haut de ces 78 minutes de bobines, 12 années d'Histoire nous contemplent, oui !
Script réduit à peau de chagrin, donc, et absence de moyens donnent à ce film un côté cheap, quasi-nanardesque, pourtant joyeusement assumé avec sa profusion de décors peints, de bâtiments en carton-pâte, de costumes aux couleurs criardes et de batailles de cour de récréation. Enfin, au milieu de ce bricolage cinématographique, les deux principaux rôles masculins - confiés à des deuxièmes voire troisièmes couteaux, William Lundigan et Raymond Burr - sont complètement éclipsés par la beauté de Rhonda Fleming, qui à défaut d'être une grande actrice sait parfaitement se mettre en valeur devant la caméra.