Troisième opus de son triptyque nihiliste, Tystnaden est une œuvre culte de l'illustre réalisateur Suédois. "Film de chambre" car intimiste, explorant de façon particulièrement poussée et sagace la thématique, récurrente chez Bergman, des difficultés de communication entre les hommes et des tabous ou faux-semblants, énième témoignage de la fascination du réalisateur pour la femme, les femmes; l'œuvre s'inscrit dans une continuité artistique, la patte de Bergman étant omniprésente malgré l'absence de la thématique religieuse.
Il est ici question de deux sœurs : Ester et Anna, et d'un enfant, Johann, fils d'Anna, voyageant à travers l'Europe et se trouvant forcées de faire halte en terre inconnue. Seuls, parmi un peuple parlant un dialecte qui leur est inconnu, seuls au milieu d'une ville qui leur est étrangère, seuls dans une chambre d'hôtel sombre, étouffante et impersonnelle, les protagonistes vont expérimenter le silence, lourd et pénétrant, voilant les angoisses, réprimant les frustrations, transformant l'échange en mutisme.

« Ne va pas le rejoindre. »

Pour autant, le silence le plus dérangeant n'est peut-être pas celui qui nous sépare des inconnus. Les étrangers parlent, échangent, tantôt avec le langage financier, tantôt avec le langage du corps, tantôt avec celui du rire. Le jeune Johann, un temps rejeté par sa mère, aborde ce nouveau monde mystérieux avec la curiosité et l'ingénuité de l'enfance, en faisant son terrain de jeu et d'exploration. Mais entre Ester et Anna, le silence demeure. Il se lève, tel un rempart infranchissable, reboutant honte et jalousie, peur et solitude, amour inavouable, pulsions interdites, prolongeant l'incompréhension entre celle à qui fut donné la beauté et celle à qui fut donné la créativité par le privilège de la frustration.

« Inutile de discuter de la solitude. »

Œuvre profonde, remarquable par son esthétique et son ambiance suffocante, le silence est marqué par un érotisme latent ainsi que par la violence et la noirceur de la relation unissant et opposant les deux suédoises. Pour autant, l'œuvre ne se clôt pas sur un constat principalement pessimiste, Johann représentant l'espoir, la langue, possédant les notes de traduction, clé de l'ouverture au monde.
SummerWin
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le 30 mai 2011

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Cool Breeze

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