A la fin des années quarante, Dean Martin et Jerry Lewis sont devenus le duo comique le plus célèbre du pays. Le bellâtre italien à la voix de velours et le clown juif à la voix de canard tentent tout naturellement de transposer à l’écran ce qui fit leur succès sur scène.
Il s’agit ici du troisième de la quinzaine de films qui réunira les deux loustics, c’est réalisé par Hal Walker, comme souvent, mais ce n’est pas très important, nous sommes ici dans le théâtre filmé et ce sont les numéros de cabaret qui importent. Fred F. Finklehoffe adapte lui-même sa pièce et se charge de produire quelque chose de franchement bancal qui ne plaira qu’aux amateurs du genre.
Nous sommes dans un camp d’entraînement de soldats mobilisés pendant la seconde guerre, Dean est sergent dans de la paperasserie qui rêve de rejoindre le front et Jerry sert de boulet à tout le bataillon avec une petite préférence pour le massacre du fayot en cuisine.
Il y a beaucoup de portes qui s’ouvrent et se ferment, une histoire de donzelle enceinte, un adjudant criard, un colonel méfiant, un commandant commandé par sa commère et un fripier débrouillard, autant dire que la vie de caserne respecte le cahier des charges.
Pour le reste, il faut supporter Jerry Lewis, ses grimaces de dromadaire au strabisme pénible, ses inévitables chutes sur l’arrière-train, ses imitations épuisantes et ses plaintes perpétuelles… Moi, j’avoue que cet humour du geignard m’a toujours au mieux laissé de marbre. Que cela ait pu suffire à ce qu’il fasse carrière restera à jamais un des plus grands mystères de l’histoire du cinéma pour votre serviteur.
Heureusement, il y a Dean qui rattrape un peu tout ça, quelques numéros musicaux supportables et la saine ambiance du service qu’on apprécie toujours après y avoir échappé, un petit côté Astérix légionnaire en quelque sorte, et ça n’est du coup pas absolument désagréable.