- Lésion au-dessus de l'oreille gauche.
- Il a dû tomber.
- Un hématome n'a pas pu se former.
- L'apoplexie tue sur le coup.
- S'il avait eu une attaque, les lèvres et les doigts seraient bleus. Heureusement que le shérif est là.
- Pourquoi dites-vous ça ?
- Il y a une ponction. Là, sous les côtes. Quelqu'un l'a assommé puis a enfoncé une sonde sous les côtes.
- Que Dieu nous préserve.
- C'est difficile à croire.
- Il y a un assassin à bord.
Tom Gries pose en 1975 un regard nouveau sur le western avec Le solitaire de Fort Humboldt, basé sur le roman d'Alistair MacLean et scénarisé par l'auteur lui-même, qui présente un récit atypique se déroulant entièrement dans un train sillonnant de magnifiques décors hivernaux projetant une atmosphère froide à travers un rythme parfaitement géré qui alterne intelligemment les séquences énigmatiques avec les scènes d'actions. Une histoire sur les faux semblants où personne n'est celui qu'il prétend être. Un trompe l’œil qui laisse rêver à cet environnement sauvage enneigé idyllique par le biais d’une imagerie parfaitement millimétrée qui vient contrebalancer la supercherie d'un scénario qui laisse planer le doute sur bien des éléments. Une mise en intrigue dans laquelle le public est encouragé à anticiper le développement ultérieur d'une action par le biais d'une histoire exaltante tant par la réussite du résultat qui provoque l’émerveillement, que par l’habile collaboration entre l'ingénierie d'un huis clos, le traditionalisme d'un western, et une enquête mystérieuse autour d'un meurtre à la Agatha Christie sauce Far West qui cachera un vaste complot digne d'un James Bond traditionnel.
La cinématographie de Lucien Ballard est fantastique ! Visuellement, la photographie est belle et nette avec des plans panoramiques de toutes beautés. Les effets spéciaux sont remarquables et parviennent à habilement alimenter les différentes actions avec une mise en scène redoutable, notamment durant le combat intense sur le toit du train en marche entre Charles Bronson et le champion de boxe Archie Moore, ou encore durant le fameux accidents de train après un sabotage qui offrira une scène d'accident terrible. La conclusion offre un point culminant sous tension avec une tribu Amérindienne qui viendra s'ajouter à la problématique. Une idée se révélant explosive et distrayante avec des petits duels appréciables qui malgré tout aurait mérité un peu plus de flamboyance dans la finalité. Les phases d'actions sont d'une violence étonnante entre des impacts de balles particulièrement sanglant ou des projections de personnages depuis le train en marche à travers le vide pour mieux voir des corps s'écraser brutalement. La musique de Jerry Goldsmith est revigorante ! Une composition musicale au top qui s'illustre parfaitement en se mêlant habilement à l'action.
Charles Bronson en tant que John Deakin livre un travail solide dans un rôle principal imprévisible qui ne cessera de nous tromper jusqu'à la révélation finale. Un Bronson exceptionnel via une retenue énigmatique qui en fait un criminel imprévisible qui semble cacher plus d'une corde à son arc. Une belle surprise pour un charisme et une classe vestimentaire comme seul Bronson sais les incarner. Jill Ireland pour Marica dégage un charme estimable qui s'additionne à un comportement franc du collier qui vient nuancer l'aspect angélique de la comédienne. Ed Lauter sous les traits du Majore Claremont incarne un soldat d'une droiture exceptionnelle qui considère la vie de ses soldats. Il forme un duo efficace avec Bronson. Richard Crenna est décidément un comédien formidable possédant une aura phénoménale qui ne perd rien de sa superbe même en tant que gouverneur Richard Fairchild. J'adore cet acteur qui ici possède un rôle à la hauteur de son talent. Ben Johnson l'habituer de John Ford pour le Marshal Pearce offre une dualité solide à Bronson. Robert Tessier avec sa longue barbe incarne parfaitement Levi Calhoun, un bandit pourri jusqu'à la moelle avec son regard vicieux et son sourire perfide. Le reste de la distribution fait du bon boulot. Une distribution qui forme un ensemble crédible !
CONCLUSION :
Le solitaire de Fort Humboldt de Tom Gries est un western d'espionnage sauce Agatha Christie efficace et atypique qui tourne autour d'une intrigue captivante qui se joue du spectateur avec des rebondissements et des révélations palpitantes. Une réalisation nerveuse, riche en péripéties pour un casting solide dont un Charles Bronson qui porte admirablement le rôle principal de cette pièce d'action originale pour un Far West bien mystérieux.
Le train de la vie, c'est un petit train, qui va des montagnes de l'ennui aux collines de la joie.
- Si vous voulez bien m'excuser.
- Marica. Ça va ?
- Oui, bien sûr. Ça a été une longue journée. Le laisserez-vous ainsi toute la nuit ?
- On le libérera dans la matinée. On sera alors en pays enneigé, il n'aura nulle part où aller. Vous vous apitoyez sur un bien piètre individu.
- Et vous faites un bien piètre représentant de la loi. Tout homme doit être présumé innocent. Mais vous avez jugé, inculpé et condamné. Quelle loi dit qu'on peut traiter un homme comme un animal ?