Condenser 1000 pages de manga en un film d'1h30. Tel est le défi relevé ici par Patrick Imbert (chef animateur sur Ernest et Célestine notamment). De son propre aveu, projet proposé par les producteurs et ayant lu la BD à ce titre, Imbert s'est laissé guidé par son ressenti et ses préférences pour l'adaptation.
Adapter c'est choisir, adapter c'est trahir. Les bons choix ont été faits quant à ce qu'il fallait laisser de côté. Point donc ici de Sagarmatha, Mani Kumar, Naradar Rasendra ou de Doma. Même Hase Tsuneo bien que présent, ne l'est que sommairement. Le temps d'évoquer la rivalité puis de l'écarter comme réelle motivation pour la grimpe d'Habu. Toutes ces sous-intrigues sont éludées, la narration resserrée sur l'essentiel : Habu, le parcours de Fukamachi et ce lien, cet appel quasi-mystique vers les hauteurs. Le pari est donc réussi, le texte est élagué mais l'essence profonde en est conservée.


Au niveau du rythme, le film se montre habile pour donner les informations avec clarté et fluidité malgré son extrême rapidité. Les premiers tomes du manga, adaptation d'un roman, mêlent histoire et fiction ce qui donnait lieu à beaucoup de bulles et d'encarts descriptifs/explicatifs, ce qui sied mal à une bd, donc un art visuel. Le film ne peut s'affranchir totalement de cet écueil mais jongle encore une fois avec la montagne (lol) d'éléments à distiller avec brio. Il a aussi le bon goût d'user avec intelligence et point trop de lourdeur de la voix-off pour poser ce qu'il ne peut prendre le temps de montrer.


A l'instar de l’œuvre de Taniguchi donc, c'est dans sa dernière partie, consacrée à l'ascension de l'Everest avec Joji que Le Sommet des Dieux change de catégorie. Le film prend son temps pour accompagner ses protagonistes dans leur défi et quasiment sans un mot nous happe, nous saisit en délivrant un peu plus à chaque plan la puissance écrasante du plus haut sommet du monde. Vivante, menaçante, impitoyable, la montagne nous est dépeinte dans un dessin magnifique et des plans qui remplissent d'une stupéfaction mêlée de crainte.


L'animation est une 2D sublime où la lumière et les couleurs démontrent une vraie recherche cinématographique qui atteint encore une fois son paroxysme dans la dernière partie. Utilisant avec parcimonie et sagesse les effets exubérants, la réalisation souligne efficacement les moments impactants (la chute de Habu dans les Alpes me vient à l'esprit comme exemple parlant).
Le tout est accompagné d'une bande-son que je qualifierai de peu mémorable mais très plaisante sur l'instant.


Inégale mais ambitieuse, Le sommet des Dieux est une œuvre d'animation française à soutenir, ne serait-ce que pour la beauté des plans et son savoureux portrait de l'Everest. Un des coups de cœur
de l'année. Un film à voir... Parce qu'il est là.

Porc_Parfum
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le 22 sept. 2021

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Porc_Parfumé

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